Une bande de jeune habitant les suburbs, pétés de tunes, sortant
ensemble au volant de belles mercos et fumant de la beu... ça vous
dit quelque chose ? Sauf qu'ici, c'est Larry Clark le réalisateur
; il met en scène son film comme un long trip qui va peu à
peu virer au noir. Effrayant. Parce que les habitudes sexuelles de ses
ados ne sont pas celles montrées par le tout Hollywood, parce que
les images sont extrèmement crues, parce qu'il y a un grain dans
l'engrenage... et que ce grain est humain... et qu'il va falloir l'éliminer.
Comme ça. Banalement. Un meurtre qui tourne vite au carnage, commis
par des ados, à leur manière, comme dans un vidéo
game au départ, avec leur approche irréelle de la chose,
avec leur réflexion, celle engendrée par une déconnection
totale de la réalité... puis par la peur, celle que l'on
ressent lorsqu'on ouvre les yeux sur la triste et immonde réalité.
Une oeuvre, justement, totalement réaliste qui devrait, non pas
vous donner l'envie de censurer "Mortal kombat" (le "gros"
n'est pas le plus à plaindre dans l'histoire), mais de réfléchir
en tant que parent : sans pour autant s'engager dans cette voie, Clark
nous fait comprendre, à raison, que si les parents de l'initiateur
de ce crime avaient été plus à l'écoute, rien
ne se serait produit. Un frisson devrait bien logiquement courir le long
du dos de tout parent digne de ce nom... et si nos enfants... un jour...
abandonnés à eux-même, montés par de multiples
brimades, transformés par la haine, remontés, entrainés
par le groupe, se mettaient à penser qu'une simple parole, une
idée lancée innocemment, devenait la seule alternative à
leur désarroi ? Pas si irréaliste que ça. Le film
l'est d'autant plus que l'histoire est vrai, que les personnages ont tous
une identité très forte à l'écran : le camé
qui n'a plus les pieds sur terre et ne se rend même pas compte qu'il
a commis l'irréparable, la fille déjà noyé
dans le sexe qui a subit un viol douteux, la droguée au passé
lourd, l'amoureuse prète à tout pour le bonheur de son mec,
le pseudo-voyou qui jouera que trop bien son misérable rôle,
et l'instigateur (peine de mort...), le faible, le loser, le pauvre, le
pauvre gars qui supporte jusqu'à ne plus pouvoir les humiliations
(les coups de colère, le partage de sa copine, les fantasmes de
sa future victime...) de son ami et maitre. Un film dure, implacable,
très sexuel, gore, une oeuvre coup de poing, un électrochoc
qui démontre, par le biais d'un fait divers, la déroute
de nos ados. A méditer. |