Boyhood est-il un simple concept particulièrement
osé, novateur et ambitieux ? C'est ce que j'ai été
amené à croire dans un premier temps... Une tranche
de vie d'une famille américaine, courant et filmée
sur 12 années. Outre le témoignage proche du documenteur
sur une famille typique d'aujourd'hui (comprendre famille recomposée,
d'une banalité confondante), c'est une oeuvre légère,
fun et musicale que l'on pourrait trouver en apparence d'une
grande banalité (justement...) et évènementiellement
guère excitante ; leurs joies, leurs petits drames n'auraient
rien de bien bouleversants s'ils n'étaient vécus
de l'intérieur et d'une façon qu'aucun autre film
avant lui ne s'était jamais permis. Et comme si de rien
était, la magie opère, l'émotion monte
au fil des 2h45 de métrage, la pureté du film
fait son oeuvre, sans chichi, sans fard, si bien que l'on peine
presque à comprendre cette montée en puissance
alors que, finalement et dans le fond, cela reste simpliste,
sans intrigue aucune, sans drame pour secouer le spectateur,
sans perturbation scénaristique, sans réel relief
cinématographique, sans début ni milieu ni fin.
Peut-être parce que l'on se reconnaîtra ici ou là.
Peut-être parce que le film montre un certain engagement
anti-Républicain. Le film s'avère alors creux
mais fondamental, brut comme un roc : finalement à l'image
de la vie elle-même et de ses petits actes qui, pour la
grande majorité d'entre nous, ne bouleverseront jamais
l'Histoire de l'humanité : l'amour, la haine, la rage,
la religion, la famille, les études, les divorces, les
déménagements, les tâches quotidiennes,
les enfants qui quittent le foyer...etc. Alors, au final, on
se surprend à se dire que tout a été très
vite, sans effet aucun, et que l'on est sincèrement triste
de quitter aussi vite cette famille à laquelle on s'était
peu à peu attaché. Sincère et puissant.