Ça commence avec une scène de cinéma dans
le cinéma, introduisant même un erzat de Beef (pour
les fans !), un décor en trompe-l'oeil et cette musique
délicieuse de Donaggio dont je ne me laisserais jamais.
L'acteur, celui sur qui tous les regards se tournent, va devenir
l'observateur : voyeuriste devenant témoin, observateur
qui s'avèrera être manipulé.
Body double est une déclaration d'amour
à l'art visuel, un film qui insiste sur les jeux de regards
entre les personnages, jeux de miroirs qui, finalement, mettent
en exergue le rôle premier du 7ème art ; à
savoir caresser les tendances voyeuristes des spectateurs. Éblouissant
comme le sont toutes les scènes symboliques que l'auteur
filme et filmera dans les espaces publics (ici un Mall). Brian
De Palma cite pêle-mêle Fenêtre sur
cour, Vertigo (ici, la claustrophobie
du héros), Le voyeur mais compose une
oeuvre qui lui est propre puisque discourant de ces mêmes
influences, les disséquant visuellement avec justesse.
De Palma balade une caméra hyper mobile sur les scènes,
adoptant le regard que pose son héros sur le monde avec
une grâce fascinante pour le spectateur... pris qu'il
est à son propre jeu. Et de toutes façons il est
littéralement impossible de ne pas succomber aux charmes
de Deborah Shelton.
L'histoire plonge lentement, suavement dans le mystère
: véritable scénario dans le scénario.
Cependant, à force de sursauts, l'histoire pousse le
bouchon un peu loin, devient trop hachurée, s'engage
dans des voies un rien cabossées. La fin est même
complètement ratée à mon sens : du trou
parfait effectué à la pelle en 5 mn jusqu'à
un manque d'explications crédibles, elle parait dénoter
avec le reste de l'oeuvre.