Une première séquence qui se pose : un plan long,
une caméra suggestive, un clin d'oeil Hitchcockien et
une mise en abîme cinématographique (un film dans
le film ; le cinéma dans le cinéma). Pas de doute
: De Palma est à la barre et on va se régaler.
D'ailleurs Blow out est sans aucun doute l'un
de ses films les plus aboutis.
Travolta interprète un témoin auditif (tout comme
sera, trois ans plus tard, C. Wasson en témoin visuel
dans Body double), preneur de son ne se trouvant
pas forcément au meilleur endroit ni au meilleur moment
: le film débouchant sur une double intrigue se dévoilant
petit à petit dans un brillant et étourdissant
scénario à tiroir dont même le personnage
du tueur, pourtant dévellopé un peu en parallèle
de l'histoire principale, n'est pas des moindres. N'oubliant
jamais de laisser le film résonner bien au-delà
d'une simple lecture linéaire du scénario : preuve
en est l'inoubliable et surprenante fin, chef d'oeuvre absolu
d'émotion, mais surtout final abyssal, étourdissante
et bouleversante réflexion sur la diégèse
cinématographique, ici reprise dans un tourbillon scénaristique
qui débouche sur une boucle démente. Oui : le
film parle de cinéma, vibrant hommage à un métier
d'artisans dont se réclame très clairement et
ouvertement l'auteur.
Et De Palma de matérialiser les sons avec force d'astuces
visuelles, pour nous plonger dans cet univers sonore. Son cortège
de plans à la beauté renversante n'aura de cesse
de nous enchanter : les jeux de regard dans le bar, une caméra
descendante qui décrit à la perfection 3 niveaux
de plans -niveaux sans cesse explorés pour nous submerger-,
une autre tournant sur elle-même de façon étourdissante
; tant et autant de virtuosité dans chaque recoin du
film.
Et je n'aurai de cesse de louer la composition d'excellence
de l'immense Pino Donaggio -peut-être sa plus fascinante-,
nouvelle perle dont je ne me laisserai jamais .