Big eyes est le genre de biopic dans lequel
avait pu s'aventurer Burton avec Ed Wood, cette
fois Tim abandonne son côté visuellement sinistre
et nous plonge dans les années 50, ses couleurs pastelles
et San Francisco. L'histoire d'une femme seule, peintre de son
état, qui fait la connaissance d'un confrère.
Ceci est l'histoire de leur relation, entre naïveté
et mensonge pathologique.
Magnifié d'une photographie proprement picturale -et
française !-, parfaitement adéquate et exceptionnelles,
et d'une mise en scène caractérisée par
une caméra légère comme un coup de pinceau.
Et porté par un irrésistible duo d'acteurs.
Big eyes est, entre autre, une réflexion
poussée sur l'art, sa raison d'être, sa grandeur
et surtout sa valeur, ainsi qu'une petite pique à l'encontre
de la critique.
Burton nous apprend que, à l'instar de l'histoire de
Colette (décédée dans les 50's) qui s'était
vu dépossédée de son art par son mari,
rien ne semble vouloir changer pour les femmes artistes, guère
considérée par le milieu, pas plus que par leur
mari. Même si la jalousie serait plutôt le moteur
de ce vol de propriété, c'est tout autant la représentation,
triste métaphore du statut de la femme vis à vis
de son mari, de la condition féminine dans la société
américaine des années 50 qui est au coeur de ce
film.
Beau et intelligent.