Ce film n'est pas mauvais sur la forme, il est simplement d'un banal un rien soporifique et son succès foudroyant à éviter à nombre de spectateurs d'en faire une analyse un peu plus poussée, l'envie d'aller plus loin que le pitch qu'il est censé servir. Un film sur une certaine forme de tolérance, l'idée qu'il faille aller à la rencontre des gens a priori différents de nous ? Euh... Tout ça en nous présentant une extrême caricature des Ch'tis et en nous laissant croire que la Révolution française et les réformes scolaires de Ferry n'ont pas porté leurs fruits dans le Nord ? En nous présentant un personnage (je parle de la femme du postier) abjecte et absurde, et surtout d'une bétise tellement abyssale que l'on ne peut croire une seule seconde qu'un français digne de ce nom puisse croire que le Nord-Pas-de Calais soit pire que Beyrouth et l'Antartique réunis (et dans le Centre ? Ils n'ont pas l'électricité et l'eau courante et vont faire pipi dans une cabane au fond du jardin ?) ? En gardant comme seule et unique performance comique, une heure durant, le seul ressort tournant autour des différences de langages ??? Détruire les préjugés avec le recul comique nécessaire est un exercice fort louable, mais ici ça sent le prétexte, la simple envie de parler d'une chose qui tenait à coeur de Boon ; peut-être que le surlignage est un peu trop excessif... Bref : je n'ai que timidement souri et je croit qu'avec suffisamment de recul on trouvera ça et là d'énormes défauts d'écriture (la fin annoncée dès la scène sur la plage : un scénariste, en 2008, peut-il croire que spectateur n'anticipe pas sur ce qu'il voit, ne réfléchi plus devant une oeuvre filmique ou oublie une aussi grosse ficelle ?). Après celà, Dany Boon livre une oeuvre standard, propre et même très soignée au niveau de la photographie, au-dessus des comédies prime-time habituels. Voilà la raison des 20 millions : les spectateurs ont adoré le travail de Pierre Aïm. De qui ? |