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Apocalypse now
Budget = 31,5 M$
BOX OFFICE France = - / ? / ? 000 / 4 538 000 entrées
BOX OFFICE USA = 0,119 / 83,5 M$
BOX OFFICE Monde = 92,0 M$
 

Le choc des premières images... Inoubliable. Le son d'un ventilo qui répond à celui des hélicos, la musique des Doors, le regard de M. Sheen sur son plafond autant que sur l'enfer de Saïgon. On sent immédiatement la chaleur, l'humidité poisseuse, la folie ambiante. Apocalypse now est une œuvre moite, une oeuvre qui rend dingue, malade, qui vous prend aux tripes puis attaque votre esprit...
Apocalypse now n'est rien de moins que le film de guerre ultime, un trip halluciné, presque en apesanteur s'il n'avait autant les pieds sur terre : parce qu'il va droit au cœur de son sujet, au cœur des ténèbres, recherchant l'âme de cette fichue guerre du Vietnam. Kurtz. Kurtz est l'âme de la guerre : son expression idéologique. Cet homme, ce modèle social, foncièrement bon mais anéanti par les combats, rongé par haine, la créature guerrière, la folie personnalisée, celle qui doit être supprimé par ceux-là même qui l'ont créés. Mais Kurtz est également l'être qui fascine, le rebelle à l'ordre établi, le nouveau sujet d'admiration pour un tout autre pan de la société. D'ailleurs le film passera le plus clair de son temps à plonger dans l'étude introspective d'un maître de guerre oscillant entre le pacifiste qui se mord la queue et le monstre infâme, le dieu auto-proclamé et le démon inhumain. Le gourou fascinant dont on retiendra sans mal le discours sur les bras d'enfants qui ont été vaccinés est éloquent : le symbole de l'ingérence de la toute puissante Amérique, celle que l'on rejette avec la plus grande virulence, où la métaphore violente des causes de la guerre du Vietnam... Apocalypse now c'est également le décorticage du rôle de l'armée, son travail criminel où le dit-crime, les lois, la décence sont malmenés au nom d'une cause, aussi incompréhensible soit-elle... C'est surtout cette armée qui semble avoir le monopole de la violence et des exactions.
Mais avant d'aboutir, de toucher sa mission première du doigt, le capitaine croisera tout les signes extérieurs de cette folie liés à la guerre, de cette folie inhérente à l'espèce humaine ; des combats meurtriers jusqu'au sexe, jusqu'aux graves (et inconséquentes) bévues en passant par... l'insouciance. Le basculement lent mais certain du commandant, témoin d'une guerre qui est devenue la pire des abominations, une guerre qui sent la débandade sur tous les plans, que ce soit militaires ou humains. Une guerre devenue insensée. Jusqu'au moment de non-retour où l'on quitte pour ainsi dire le royaume des vivants, le monde des hommes : entre visions d'horreur, déstabilisantes, et mentalement troublantes, jusqu'en ce final qui dit clairement et en substance que le genre humain est condamné, condamné à obéir aux plus fous d'entre les fous.
Et Coppola y met les formes, accouchant d'un chef-d'oeuvre dans la douleur que l'on sait : témoignage immersif et léché, embarqué, à la beauté renversante et informelle que seuls les génies sont capables de rendre, de capturer sur pellicule. Des images somptueuses, un ouvrage dans un écrin de velours, un travail d'orfèvrerie ultime : il suffit de voir comment Coppola s'adapte à l'apparition du monstrueux Marlon Brando pour comprendre l'ampleur de son oeuvre. Autant d'images et de séquences cultes magnifiées par une composition musicale stressante qui participe de beaucoup à cette ambiance névrotique ; et un montage savant qui berce nos âmes. Apocalypse now est un opéra guerrier aux personnages fragiles, insensés, traumatisés, métaphoriques. Sheen est hanté, Hopper est génial, Brando est...
Œuvre envoûtante, dure, étouffante, balai de violence et analyse de l'âme humaine : il existe une poignée de films qui possèdent ce charisme, cette emprise sur l'âme. Apocalypse now est tout simplement trop important pour nous, trop important pour que l'on en sorte indemnes...

La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

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