Certainement le plus beau film français de l'année
2012.
La vie simple -enfin ça c'est ce que l'on pourrait croire-
de gens simples, filmée simplement mais pas bêtement,
au plus près des visages pour lire les joies et les peines,
centrée sur les personnages à l'image de ces 1ers
plans floutés où l'on aperçoit "l'interlocuteur",
voir un simple morceau de décor écrasant les personnages
sur un côté de l'écran tel leur implacable
destin.
L'introduction casse le côté mélo, même
si son but est tout autre, et fait du final un couperet qui
va planer tout au long du film sur cette belle famille, et par
conséquent sur le spectateur. Et puis l'oeuvre se lance,
jamais flamboyante, si bien que l'on pourrait hâtivement
la juger "banale", à peine relevée par
ce croisement de culture et ces histoires parallèles.
Mais le film ne fait que nous montrer, très bien nous
montrer je le rappelle, l'ennuyeuse, l'affligeante et la cruelle
banalité de la vie, une existence presque anti-cinématographique
dans le fond. Si bien que l'on se demanderait presque si telle
histoire valait la peine d'être racontée ?
Et bien oui, elle en vaut la peine ; tout d'abord parce qu'elle
est bien racontée et mise en image, ensuite parce que
le sujet du film va s'immiscer insidieusement, sans que le voit
arriver, nous éclairant peu à peu : la dépression.
Car il n'y a pas de drame de prime abord dans cette oeuvre,
pas de quoi faire basculer une existence en sortant toute une
fanfare d'artifices cinématographiques ; une vie que
d'aucun jugerait "commune", voir agréable :
et pourtant, comme le spectateur finalement un peu étouffé
par cette famille aux allures idéales, le film se voudra
une étude quasi clinique de la dépression, celle
qui vient sans raison apparente, évolue en silence et
détruit petit à petit tout sur son passage.
Le film aura pour but de nous faire comprendre le processus
qui entraine la dépression, tellement anodine pour des
yeux extérieurs, le spectateur ne la voyant presque pas
venir, étant obligé de s'interroger sur ses causes,
son point de départ ; forcé de la comprendre.
A perdre la raison n'est pas un film grand
public, il est déprimant, poisseux, à la manière
d'une oeuvre horrifique des plus réussie, presque trop
réaliste. Les acteurs y sont impressionnants et je remettrais
volontier une mention toute particulière à la
performance extraordinaire d'E. Dequenne.
Bouleversant, choquant et pourtant si... logique ?"