Atention : ceci n'est pas une critique partisane. American
sniper est loin d'être un bon film, même
s'il me coûte toujours de descendre ce réalisateur
que j'admire beaucoup. Pourquoi ? Le thème est lancé
dès le début : celui de la justice (oeil pour
oeil) ou de la vengeance (ne pas commettre un acte pire que
l'opprobe subit) ; et c'est, entre autre, là que le bas
blesse. Si le message du film est loin d'être clair (on
vide virtuellement toute la ville pour n'y laisser improbablement
que les méchants et faire du shooting sans arrière-pensée
; la vérité est toute autre), si certains dialogues
sont vraiment ambigus (les baghdadis qui vendent des bijoux
sont des "sauvages"...), cinématographiquement
ce n'est guère mieux. La réalisation est pro mais
il lui manque un réel "plus" (que j'ai trouvé
dans Chappie, vu le même jour) et l'intéret de
faire la bio de cet homme reste encore à prouver : non
pas parce qu'il a défendu son pays, ses hommes, et sans
doute tuer de vils terroristes, mais parce qu'en dehors de ça...
il n'y a strictement rien à dire. Il trouve un job, tombe
amoureux, se marie, devient papa et prend sa retraite. Les personnages
y sont définitivement caricaturaux, les situations passables
(d'ailleurs l'aspect traumatisant, plus profond et psychologique
du sujet, est éjecté et passé en accéléré
à la fin du film) : en découle une absence remarquée
d'émotions, quelqu'elles soient, de crissements de dents
et de morale. Un film vide. Et puis il y a le fond : sur un
tel sujet il y avait beaucoup à dire, sans faire de la
politique politicienne, polémiquer et sombrer dans l'analyse
(nous sommes ici pour se détendre, non ?). Eastwood et
son scénariste montre le merdier irakien, certe, mais
reste dans ce que j'appellerai la "critique naturelle",
ne se mouillant jamais, ne s'impliqaunt surtout pas, ne captant
jamais la complexité de la situation, survolant son sujet
pour se concentrer sur les shoots et la vie banale de son personnage
; j'ai trouvé cela vraiment trop simpliste et lissé
pour être totalement honnête avec le spectateur.
D'ailleurs les résultats au box office de ce film en
disent long : plus de 60 % de ses recettes ont été
faites sur le sol américain, quand pour les autres films
la proportion est, au grand minimum, inversée. C'aurait
été un grand film s'il avait, en toute modestie
et même sans polémique, porté ses couilles...
Ce n'est qu'un banal film de guerre interchangeable avec les
mauvaises séries B réalisées il y a quelques
années sur le Vietnam. Et Cooper ne m'a jamais convaincu
de son talent. Dur...