Un film dure et sans concession, ce genre de film que l'on oublie jamais... Rosselini a peut-être réalisé sa plus belle oeuvre avec "Allemagne, année zéro" ; année zéro : parce que le pays repart à zéro après la défaite. Repart de rien. Comme il nous l'annonce, l'oeuvre ne cherche pas à innocenter les ex-nazis, ni à acculer les soldats qui se sont battus parce qu'on le leur ordonnait, mais il analyse la survie d'un peuple (soldats, résistants, femmes, enfants...). Pauvreté extrême, marché noir, banditisme, tricherie, tout est bon pour sauvé sa famille de la misère ; et même les enfants mettent la main à la patte. Le peuple se plie face à une horreur encore plus dur que ce qu'il ont connu sous le joug de la guerre (il y a quelques survivance de l'ancien régime...), ils sont exploités, les enfants laissé à l'abandon, parfois victimes du marché sexuel, tout le monde est replié dans ces derniers retranchements. Victime du désespoir et de la solitude la plus extrême. Ce film est en fait l'histoire d'une innocence brisée, celle d'un enfant qui ne cherche qu'à participer à l'effort qui conduit sa famille à devoir survivre à tout prix... il le fait avec ses yeux d'enfant, son âme d'enfant. Il écoute, il agit pour le bien des siens... peut-être qu'il se trompe. Autant vous prevenir, il y a deux scènes vraiment très durs, d'une puissance rare, brillamment mise en scène (avec une grande banalité pour la première, afin de donner toute la mesure du geste ; avec sérénité pour la seconde, comme pour faire comprendre le poids de la solitude). La dernière image ne laissera personne insensible. |