Bienvenue dans le monde obscur, survolté et friqué
des traders, monstres capitalistes, requins arrivistes aux dents
longues, vampires avides et sans morale.
La description qu'en fait Oliver stone est juste et violente,
précise et éloquente. Il nous entraine sur les
traces d'un mentor et de son élève, motivés
par l'extrême richesse, le luxe et l'abondance, le pouvoir
et le respect, ou plutôt la crainte : ce qu'il y a de
frappant avec Wall Street c'est que le scénario
ressemble à s'y méprendre à celui que l'on
déroule dans un film de gangster. Fox est un petit voyou
boursicoteur et parti de rien, rencontrant un maître gangster
ayant pignon sur rue (avec lequel il partage une belle qui a
les yeux qui brillent comme l'argent), petit voyou qui apprend
vite à travers son ascension irrésistible jusqu'au
sommet de la pyramide. Parvenu au paroxysme de la réussite,
installé, il comprend alors qu'il été doublé
par plus fort que lui ; sauvé in extremis par sa conscience,
hérité de son père, le film s'achèvera
par une punition judicière et morale.
Film drôle et bouillonnant, mordant et grinçant,
enflammé, aux dialogues ciselés, si le "métier"
restera techniquement obscur à bien d'entre nous, on
voit parfaitement le cheminement d'une action et l'enrichissement
"gratuit" sur sa simple spéculation. On sent
la puissance de ces gens qui, pourtant, se perdent moralement
tels les nouveaux politiciens d'un monde où leur nouveau
Dieu serait le saint dollar.
Stone parle de cette Amérique à deux vitesses
(comptez le nombre de plans sur des clochards ou des gens au
bas de l'échelle sociale), Stone parle de valeur, de
transmission et d'humanisme, de valeurs morales, notamment à
travers ce père lucide, intègre, en confrontation
avec un fils qui se fait pourrir par le système boursier.
Passionnant.