Le biopic de Preston Tucker, dont la célèbre
voiture m'a fait tant, et me fait toujours autant rêver.
C'est avant tout le récit d'un rêveur-inventeur
frénétique qui se heurte à la triste réalité
d'un monde trop terre-à-terre, jamais à la hauteur
de ses propres aspirations. Coppola nous présente un
homme foncièrement jovial et visionnaire, père
de famille heureux et pétri d'ambition, allant toujours
au bout de ses ambitions, de son imagination, de sa folie ;
quitte à se ruiner.
Ne nous trompons pas sur le propos de ce Tucker
: il s'agit pleinement d'une fausse / vraie success story pas
loin d'être chimérique, d'un hommage à la
glorieuse ère de l'automobile, d'un témoignage
du génie entrepreneurial qui avait alors cours. Car le
film n'hésite pas à évoquer le revers de
la médaille : un génie novateur qui se voit dépossédé
de son projet par ses investisseurs, traîné honteusement
devant la justice pour de faux prétextes. L'histoire
d'un rêve à demi-brisé...
Coppola fait montre d'une immense variété de talents,
s'adaptant à chaque scène, à chaque vision,
dans une remarquable proposition de cinéma, enveloppé
d'une photographie feutrée, colorée.
Oeuvre relevée, rêve éveillé et tout
à la fois chronique d'un naufrage annoncé, Tucker
est un film enjoué, forcément entraînant
et grinçant. Ultime salutation à un génie
et à son chef-d'oeuvre.