L'ascension et la chute de Tony Montana : The world is yours
?
Vous serez immédiatement saisi par la musique de l'incomparable
G. Moroder. Puis la première scène situera parfaitement
le personnage principal : il n'est pas au centre du film, il
est LE centre du film. Avec toujours cette flamboyance propre
et chère à l'auteur, prenant plaisir à
éclairer ses scènes avec le regard affûté
de sa caméra.
Scarface décrit le parcours d'un immigré,
voyou cubain sans le sou qui, de petits crimes en coups détonnants,
se fera une place de roi dans le milieu et deviendra un imposant
caïd de la drogue grâce à son irrésistible
ascension, dûe en majeure partie à sa grande gueule,
sa prétention sans bornes, son arrogance et ses c*******.
Film adulé s'il en est, il a toujours été
associé à la gloire de l'argent facile, au pouvoir
du Mal, des belles femmes, du luxe absolu et de la réussite
édifiante ; mais, comme nous le verrons, sa réputation
est amplement usurpée.
Scarface restera cependant l'un des modèles
du film de "gangsta", chaque scène y est culte
; non : tout y est cultissime. Depuis les lignes de dialogues
tirées à 4 épingles et enrobées
de "fuck" jusqu'en sa violence sans retenue aucune,
en passant inévitablement par la construction savante
des séquences. Sans oublier le jeu de Pacino, qui y trouvera
le rôle de sa vie, ni ommettre la présence quasi
divine de la plus ravissante de toutes les actrices : M. Pfeiffer...
En poussant le bouchon un peu plus loin je crois que ce qui
le rend si particulier, si excitant, c'est le fait qu'il ne
parle que de gangsters : pas un flic à l'horizon pour
sauver la "morale", pas l'ombre d'un représentant
judiciaire, pas même un quidam qui ne baigne pas dans
la drogue. Il n'y a guère que son éloquente fin
qui serve de parabole à l'œuvre : en faisant simplement
comprendre qu'il n'y a pas de gangstérisme sans mort
violente (et que, dans ce milieu, on trouve toujours plus gros
poisson que soit). On n'emmène rien dans l'au-delà.
De plus la mort de Tony est ironiquement dûe à
un élan de... morale ! Scarface est
tout autant un film qui dénonce la double nocivité
de la drogue : pour mémoire le scénario a été
écrit par O. Stone, alors en forte addiction avec la
came.
Un film qui envoie du lourd, fascinant, entraînant et
juste.