N.W.A. bénéficie,
certes, d'une photo ensoleillée, d'images extrêmement
léchées, ainsi que d'une réalisation qui
va au rythme de la musique, tout l'esprit d'un beat et d'une
époque glorieuse. Mais il est vraiment regrettable que
le scénario s'en tienne à un récit fadement
chronologique (même s'il est complètement logique),
moins linéaire que sagement écrit sur un sujet
pourtant toujours brûlant (l'actualité US est encore
remplie de flics qui tabassent des noirs). Même si le
récit s'améliore au fil des minutes qui passent,
réouvrant le livre de mon adolescence, l'ascension est
présentée de façon trop inexpressive, sans
l'ombre d'un sentiment, et il faut attendre l'épisode
de "Fuck da police" pour que le film prenne son envol.
Car par-delà la nostalgie, le film évoque la censure,
le racisme, la liberté d'expression (certaines scènes
font immédiatement penser à ce qu'avait véçu
les Doors, quelques années plus tôt) et la place
du "gangsta rap" dans notre société
: un regard sur elle, un témoin sauvage et une façon
de dénoncer ses abus. N.W.A. est un groupe à redécouvrir
de toute urgence (l'aspect "production" est une vraie
découverte) : il a fait l'histoire et l'a traversé,
posant selon moi les fondations de tout un pan de musique, générant
une qualité à ce jour encore inégalée.