Construction faussement en parallèle pour un film qui
fait suite aux attentats de Munich en 1972 : Un homme et un
groupe d'experts sont mandatés pour supprimer les dits
terroristes.
On y découvre un casting de choix, pour un pitch d'actioner
transformé en œuvre bavarde. Oh bien sûr Steven
sait y mettre les formes, mais cela ne suffit pas à soulever
notre intérêt : le film devient rapidement un décompte
mortel passable, pour ne pas dire douteux...
Moralement Munich met en exergue la justice
expéditive israélienne et la moralité d'une
vengeance aveugle, et souvent lâche puisque perpétrée
à la bombe plutôt qu'armes à la main. Le
film refuse même d'aller au bout de sa logique hideuse
(la petite fille épargnée). Mais il restera un
rien simpliste derrière sa violence : le tueur ne sera
touché par le remords, par la mort de victimes collatérales,
rattrapé par le doute quant au bien fondé de ses
actes, leur vaccuité, qu'après des mois de meurtres,
avant d'être rattrapé lui-même par la peur.
Certaines scènes ne sont guère probantes, notamment
celle avec le regretté M. Lonsdale, ou la séquence
du bar.
Munich n'a rien d'une série B jouissive,
ni d'un film assumé tarantinesque : inversons les rôles
et imaginons des palestiniens se vengeant de la mort des leurs,
assassinés lors de manifestations, tuant quelques "innocents",
et il est fort à parier que l'oeuvre aurait eu des consonances
très différentes aupèrs du public...
On lui reprochera également de survoler le problème
palestinien ou de l'évoquer sporadiquement et du bout
des lèvres. Ne mettant que rarement en valeur la complexité
du problème, Spielberg donne le beau rôle aux israéliens,
en tous les cas paraît l'excuser ou le minimiser, concluant
par un texte qui n'est pas loin d'être une lettre de félicitations.
Au final l'auteur de ne pose jamais les questions essentielles
: qui tuera celui qui s'est vengé (un doute, plus qu'un
questionnement) ? Qui se vengera des dommages collatéraux
d'une telle vendetta ? Que veux dire Spielberg à travers
ce film si ce n'est cautionner la cause israélienne de
la pire des façons ?
Une oeuvre qui parle de haine, sans solution... Un pénible
et triste faux pas dans une filmo pourtant sans tâches.