Une magouille politique va être défendu bec et
ongles au sénat : mais après un coup du sort,
cela se fera par la voix d'un sénateur plutôt inattendu
; un candide pour plaider la cause de politiciens véreux,
ou la sublime métaphore de l'utilisation de la politique
pour duper le peuple, le manipuler en oubliant la noblesse du
rôle attribué à ses dirigeants.
Mr Smith au sénat est avant tout un
petit bijou de scénario qui dépasse de loin son
idée de départ : c'est tout à fait pédagogiquement
qu'il énonce la façon dont la simple loi de ce
sénateur soudainement propulsé sur le devant de
la scène va bouleverser les plans machiavéliques
de politiciens sans scrupules. Sans oublier de souligner le
rôle ambigu d'une presse achetée ou partisane (Fox
et Trump avant l'heure !) et ne recherchant déjà
plus la vérité mais plutôt le sensationnel
et la complaisance.
Le sénateur Smith est un personnage naïf, simple,
sincère mais surtout attachant au possible, voyant toujours
le bon côté des choses, superbement interprété
par un James Stewart aux anges : timide, émerveillé
d'un rien, immense, maigre, la dégaine mal assurée,
il est finalement et définitivement irrésistible
(et le gimmick du chapeau est à mourir de rire !).
N'oublions pas l'importance capitale du personnage de Saunders
: de prime abord cédant aux sirènes des roublards
de Washington ainsi qu'à une certaine forme d'habitude,
elle finira par être séduite par la naïveté
de cet homme de la province, par son honnêteté
et sa force de caractère.
Au gré de dialogues ciselés, vraiment très,
très drôles et toujours aussi frais, même
80 ans plus tard.
Œuvre idéaliste et hommage à une Amérique
aux idéaux égarés, Mr Smith au
sénat se trouve être le plus acerbe des
films politiques mais également une perle de douceur
et d'apreté quant à décrire la pourriture
d'un monde d'intérêt qui a oublié son rôle
de représentant, peuplé de monstres aux dents
longues, avides, qui finissent par être corrompus par
l'argent et le pouvoir. Et quand aux autres, les moins malhonnêtes,
ils ne paraissent être que de faibles politiciens, incapables
de siéger simplement et faire le travail pour lequel
ils ont été élus : écrire et faire
voter des lois justes et impartiales et garantir la démocratie,
le pouvoir des citoyens.
Smith représente l'homme du peuple Vs l'état,
la lutte pour une démocratie qui reste assurément
à inventer. Pourtant, s'il tire à boulet rouge
sur ce monde d'en haut, il fait montre d'espoir en arguant que
cette Amérique dirigée par de vils vieillards
devrait tout miser sur ses forces vives : le jeunesse