Biopic d'un personnage qui m'a toujours fasciné, à
l'image d'un Mohamed Ali : le souvenir d'une séance de
cinéma qui a changé indubitablement ma vie...
car il n'existe que peu de film qui m'ait autant secoué
les tripes et aussi profondément bouleversé.
Passons rapidement sur la technique : cette photo inondée
de lumière brumeuse et à la variété
subtile. Et, comme à l'accoutumée, Spike Lee mettant
beaucoup de mouvement dans sa réalisation ; sans oublier
son plan-signature.
Malcolm, noir américain traumatisé par le KKK,
le racisme quotidien d'un pays socialement hideux envers par
un peuple noir trop habitué à courber l'échine.
Mais Malcolm, afro-américain élevé par
un homme fort.
Malcolm X est la parfaite biographie appliquée
d'un homme qui a connu un parcours de vie exemplaire. Depuis
le milieu des petits mafieux jusqu'en de petits larcins, cherchant
dans un premier temps l'assimilation avant une rencontre déterminante
avec l'Islam, en prison, une instruction religieuse et une métamorphose
idéologique et humaine avec un nouveau but : mettre en
avant les tristes conditions de vie des noirs américains,
leur infériorité sociale, et trouver des solutions
adaptées pour son peuple. Un homme qui a pu durcir le
ton pour servir sa cause, appuyer son combat face à des
forces (blanches) extrêmement puissantes. On découvre
en parallèle un personnage qui su être, dans un
premier temps, manipulé par une espèce de gourou
sans valeurs morales et islamiques (même si un regard
aiguisé notera rapidement les erreurs de la nation d'Islam..)
avant une émancipation, un retour sur le droit chemin
qui le conduira à la mort. Malcolm X
est le récit complexe d'un homme complexe mais foncièrement
bon, dont la liberté, la puissance et même la très
grande sagesse a effrayé jusqu'aux siens.
Malcolm X est plus qu'un homme qui a fait l'histoire, il est
devenu un exemple, une source de réflexion pour les plus
faibles, pour les opprimés, pour chacun d'entre nous
en réalité : révolutionnaire, droit, s'élevant
contre l'ignominie d'un système établi dans l'injustice,
véritable électrochoc dont avait besoin des Etats-Unis
(et le monde). Etre imbibé d'une religion de paix et
qui su en retirer toute la force, le courage, le respect, l'unité
et la moralité. Qui su appeler chacun à se défendre
face à l'adversité, afin de ne jamais courber
l'échine, mais tout en sachant canaliser sa haine envers
l'oppresseur.
Denzel est immense, absolument IMMENSE.
Revoir aujourd'hui Malcolm X, sous l'ère
Trump, Bolsonaro, Orban et Cie, devant d'ignobles exactions
policières impunies, des appels à la haine raciale,
ségrégationniste ou anti-religieuse, face à
la situation de peuples, de par le monde, toujours aussi dramatique,
prouve une fois de plus que les hommes n'apprennent absolument,
jamais rien de l'histoire, de leur Histoire, n'en tirent aucun
enseignement pour aller de l'avant et ne jamais revenir en arrière
; ils commettent les mêmes erreurs inlassablement. Malcolm
X reste l'un de ces rares films à parler ouvertement
et sans détour de l'Islam et de ses vertus, avec une
jutesse dont bien des gens devraient tirer des leçons
: les hommes sont fondamentalement mauvais, pas les textes.
Une oeuvre essentielle et un immense chef-d'oeuvre qui explique
en substance que l'espèce humaine est condamnée
à s'entretuer... Il n'y avait que Spike pour mettre en
œuvre ce film : et je l'aime immodérément.