L'un des meilleurs polar français que j'ai pu voir...
Une merveille
d'écriture scénaristique à mille lieues des schémas
rebattus (intrigue - enquête - solution) qui sait promener le
spectateur, le lançant sur la piste d'une enquête, dédoublant
l'intrigue, solutionnant les problèmes en une demi-heure pour
mieux rebondir et nous happer (ceci dit, le film nous happe dès
les premières secondes, elles- mêmes résonnant plus
tard comme le révélateur du véritable sujet du
film : une bio de flic). 36, quai des orfèvres joue intelligemment sur l'ambiguité
du métier de flic, dans un style très réaliste
où le "héros" est tour à tour flic, voyou,
coupable et rédempté, cette oeuvre est aussi forte que
ses multiples personnages, très burinés, se croisant au
gré de l'histoire dans une imbrication subtile, des personnages
joués avec justesse (Depardieu sobre, Auteuil fragile) sur une
musique des plus redoutables (rappelant une célèbre marche
classique).
Une oeuvre noire, très violente, moins graphique
que psychologique -d'où sa puissance-, nous imposant, comme je
le disais, une gym cérébrale où renaissent personnages
oubliés, retournements de situations multiples, intrigues secondaires,
surprises et beaucoup d'émotion ; chaque pièce du puzzle
scénaristique est utile au fil rouge de l'intrigue première,
elles sont toutes brillamment agencées afin de nous permettre
de naviguer aisément, tout en maintenant notre attention, à
l'intérieur de l'histoire, à l'intérieur de la
tête des personnages. C'est finalement un film sur la vie, avec
de l'amour, de la haine, des morts, des renaissances, des erreurs, des
rachats...
Une oeuvre réellement surprenante qui prouve que le
polar à la française sait être aussi palpitant et
solide que ses homologues américains.