Je ne sais trop quel était le but des deux frangins
lors de la mise en chantier de ce film, mais voilà ce
que moi j'y ai vu, ce que j'ai ressenti, ce que j'en ai retiré...
Deux jours, une nuit constate et démontre
amèrement les blessures de nos sociétés
: celles occasionnées par cet argent qui nous domine
et nous tient par les c******s, celles générées
par ces lois qui ont supplantées la morale ("les
lois ne font plus les hommes" comme le dit la chanson...).
Mais avant de rentrer dans l'analyse proprement dite il faut
évidemment souligner la prestation imposante, que dis-je,
écrasante de M. Cotillard en femme fragile qui mène
un combat presque perdu d'avance, une femme malade, pour ainsi
dire gangrenée. Un magnifique film social où le
scénario se joue sur un schéma cornélien
et odieux : accepter de gagner 1 000 euros (seulement 1 000
euros...) ou sauver l'emploi d'une personne que l'on connaît
à peine ? Si les tenants et les aboutissants du film
sont connus par avance, ou plutôt par anticipation, c'est
une oeuvre magnifique et à hauteur d'homme (de femme)
qui démontre sans grande faille la perversité
de notre société entièrement tournée
vers l'économie de marché, où le seul dieu
ayant survécut est l'Argent... En découle des
sociétés ambiguës, un monde sans grande morale,
morale remplacée par des lois civiques. Car je reste
persuadé que ces lois engendrent l'obéissance
servile (en acceptant l'argent les ouvriers n'enfreignent aucun
règlement) mais n'éveillent jamais les consciences
et suscitent encore moins la morale ; au contraire : lorsque
ces lois sont associer aux billets verts -nécessité
encouragée par les états-, elle pousse vers l'égoïsme
le plus primaire... Peut-être pas le meilleur film des
frangins belges, encore moins leur plus mauvais, mais une oeuvre
forte qui permet de réfléchir longtemps et d'ouvrir
le sujet : tellement rare...