L'auteur débute le film en nous présentant divers
personnages qui auront tous un lien entre eux. L'auteur nous
présente autant de situations, diverses et parfois dénuées
de sens, anachroniques, qui auront toutes un lien entre elles.
Autant de pièces d'une double puzzle qui se mettent peu
à peu en place à la fois sur l'écran et
dans nos têtes. Inarritu a surtout l'intelligence -comme
vous l'aurez compris- de ne pas prendre le spectateur pour un
imbécile, incapable de suivre qui ne commence pas en
"A" pour finir en "Z".
Comme dans un film de Soderbergh, on devient forcément
captif par effet de montage, par intéret : comprendre
qui est qui, comprendre pourquoi et comment) mais également
pour les qualités artistiques indéniables de l'oeuvre
: la photo qui tient du chef-d'oeuvre, la réalisation
portée caméra à l'épaule. Ainsi
que le choc quelle procure : c'est un film tranchant, rapide,
cru, violent et réaliste ; le montage accélérant
le choc des situations, des émotions et des sentiments,
comme si on accélérait la vie pour n'en retenir
que l'essentiel et se le prendre dans la gueule avec deux fois
plus de force. A ce propos, l'accident est à même
de traumatiser plus d'un parent, le film nous mettant en face
d'une réalité, d'une fatalité que l'on
préfère oublier au profit de notre confort quotidien
; le film nous sera utile dans la mesure où il nous force
à ouvrir les yeux sur l'horreur qui nous frôle,
nous fait prendre à la fois conscience de notre bonheur
et de sa fragilité, comme pour mieux nous préparer
à la vie...
En tous les cas c'est une oeuvre très, très dense,
dont le thème principal est évidemment la souffrance,
des sous-thèmes se greffant à lui (la mort, le
drame de la vie, le deuil, la culpabilité...). Incontournable.