Mais que va pouvoir nous raconter Boyle durant 1 heures et 23 minutes ? Avant toutes choses, ce qui nous saute au yeux c'est la réalisation (forcément !) avec un retour aux sources : après un début très MTV / chaines sportive américaine, Boyle nous emporte dans le tourbillon de son imagination visuelle, à la manière d'un Petits meurtres entre amis ou Trainspotting, avec des plans complètement barrés, une caméra libre qui va au coeur des choses, des idées folles, peut-être un peu gratuites, mais qui nous permettent de nous immiscer dans la tête de ce sportif et supplicié. Et son calvaire devient le nôtre par l'entremise de la caméra, mais ce ne sera jamais un calvaire cinématographique tant le réalisateur s'ingénie à fournir de nouvelles idées, à multiplier les plans, les agencer brillamment alors qu'il filme dans une crevasse de quelques centimètres de large ; bref on sent qu'il y a eu de longs moments de brainstorming. Côté histoire nous étions déjà conquis mais un peu dubitatif : pourtant le scénariste, un peu comme dans Buried, trouve vite ses aises et entre de plain pied dans la tête de son véritable héros, devient vibrant et parfois même un peu poétique, s'adaptant parfaitement à sa personnalité et en disant plus long sur lui qu'avec de longs bla-bla ; nous ne supporterions pas un film en forme de flash-backs qui nous éloigne du propos ? Le film s'intéresse au quotidien du prisonnier et à sa folie latente, son ingéniosité, les retours sur le passé ne sont pas innocents, jamais encombrants, ils répondent à son état d'esprit du moment et sont mis en image de façon très personnelle. Une oeuvre fine, 100 % adrénaline et qui va crescendo jusqu'à la désormais fameuse libération finale, éprouvante, qui ne conviendra pas à qui ne supporte pas la vue du sang tant le réalisme et l'identification au personnage lui permette (à la scène) de nous en faire ressentir toute la douleur et toute l'horreur. Pari risqué (quasiment un seul personnage, des dialogues réduit au minimum, peu de mouvements après les premières minutes, on connait la fin, peu de suspens...) mais le film est totalement réussi. |