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Interview

Guillaume PIERRET , réalisateur et scénariste de Balle perdue avec A. Lenoir, R. Bedia et N. Duvauchelle

- Salut Guillaume : le grand public ne te connaît pas forcément : présentes-toi !

Salut le grand public, je suis Guillaume Pierret. Réalisateur et scénariste qui vient de sortir son premier long-métrage Balle Perdue sur Netflix. Auparavant j'ai réalisé des courts-métrages d'action, en total autodidacte.

 

- Comment c'est monté "Balle perdue" et, surtout, pourquoi Netflix ?

Je travaille avec Rémi Leautier, mon producteur de toujours. On porte ce projet depuis 2015. Une fois le scénario fini il nous fallait trouver un distributeur. Netflix était sur la liste et on tenait absolument à les voir le plus tôt possible : on voulait que le film rencontre immédiatement son public, y compris à l'international. Chez Netflix, ils nous ont rapidement accordé leur confiance, et pour ne rien gâcher on parlait le même langage, celui de la fabrication pure.

 

- On imagine qu'il existe une sorte de censure sur ce grand média : as-tu été libre concernant les scènes les plus violentes ?

Au contraire, ils me poussaient à ne pas m'auto-censurer en ce qui concerne la violence et le gore. J'aurais donc pu aller beaucoup plus loin, mais je trouvais que le film ne s'y prêtait pas du tout.

 

- Il n'existe pas de frustration à ne pas proposer ce type de film en salles ?

Dans mon cas, absolument aucune. Un film reste un film. Une sortie salle était risquée pour un film comme le mien.

 

- J'ai posé la question suivante à plusieurs réalisateurs, qui n'avaient pas été approchés par le géant américain : pour toi, Netflix met-il en danger le cinéma ?

Bien sûr que non. Le streaming et les salles sont complémentaires, et la frontière devient de plus en plus poreuse. Il y a de la place pour tout le monde, les cinémas ne vont pas disparaître, et la qualité des films ne va pas décroître.

 

 

- Tu disposais de quel budget, parce que visuellement tu t'es lâché ?

Je ne peux pas parler de budget, mais de toutes façons ce n'est pas très pertinent. L'argent est moins important que les gens avec qui on fabrique le film. Mon crédo et celui de mon producteur, c'était (et ça restera) de mettre tout l'argent à l'écran. On a l'habitude de faire beaucoup avec peu.

 

- J'ai lu que l'on parlait de Balle perdue comme d'un Fast & furious frenchy (pourtant c'est tellement plus humain, plus fin et rebondissant) : tu revendiques la comparaison ? Sinon quelles furent tes influences ?

Non, mais je la comprends car il y a des similitudes. Et le trailer (que je trouve génial) était vachement orienté "fun décomplexé", en mettant en avant toute la partie mécanique et tuning.
Je suis un fan inconditionnel de "The Shield", la série de Shawn Ryan. C'est une influence qui me suit depuis que j'ai commencé la réalisation il y a 15 ans. Pour Balle perdue, je citais aussi trois films : Motorway, Jack Reacher, et The murderer. Chacun de ces films possédait au moins une scène ou une ambiance qui me servait ensuite de note d'intention. Mais personnellement je vais être également influencé par tout un tas d'autres trucs, y compris dans les jeux vidéo.

 

- Comment on aborde ces séquences de cascades très impressionnantes : on storyboarde au millimètre ?

Je ne storyboarde pas, mais les scènes sont au millimètre dans ma tête. Ensuite je les explique à l'équipe en utilisant des petites voitures. Tout en sachant qu'une fois sur le plateau, il faut se laisser une marge pour s'adapter aux conditions de tournage. La prépa est très importante pour ces séquences.

 

- Peux-tu lever le voile sur une scène : comment un 4x4 parvient-il s'envoler dans les airs ???

Il y a un cascadeur au volant, et sur le siège passager il y a un sorte d'énorme canon à air pointé vers le sol.

 

 

- J'ai été bluffé par ton aisance dans la mise en scène de l'action : c'était stressant de se lancer dans ce type de séquences ?

Non au contraire, c'était Noël tous les jours pour moi. J'ai déjà tourné pas mal de poursuites et combats dans mes courts-métrages, sans argent, donc là le fait de travailler avec des grands noms de la cascade (Manu Lanzi, Jean-Claude Lagniez...) et d'avoir du beau matos, c'était idéal.

 

- Pour se faire une idée : les 10 minutes qui constituent la poursuite finale, elles ont été tournées en combien de jours ?

6 - 7 jours.

 

- Et quel est la scène dont tu es le plus fier ?

Je suis très fier de la poursuite finale.

 

- Pourquoi ne produit-on (presque) plus ce genre de films en France ?

Je pense qu'il y a 3 fantasmes tenaces : l'action coûte cher, n'est pas rentable, et c'est le monopole d'Europa Corp.

 

- Alban ne serait-il pas notre nouveau Bebel ?

Définitivement oui.

 

- Un tel succès sur Netflix, ça ouvre des portes ?

C'est encore trop tôt pour le savoir. J'ai l'impression que le film a bien marché, mais il faut attendre encore quelques semaines avant d'en avoir la confirmation.

 

- Un grand merci et surtout mes plus sincères félicitations pour ce grand moment de cinéma, aussi efficace qu'intelligent et qui manque trop au cinéma français.

Un grand merci à toi surtout !