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INTERVIEW de Jean-Paul LILIENFELD, réalisateur de Arrêtez-moi avec S. Marceau & Miou-Miou
 

Arrêtez-moi (Sortie le 6 février) : "Un soir, une femme se rend dans un commissariat pour confesser le meurtre de son mari violent, commis il y a plusieurs années. Seulement plus la policière de permanence interroge cette femme, plus elle connait sa vie, moins elle a envie de l’arrêter. Pourquoi cette femme que personne ne soupçonnait veut-elle absolument être reconnue coupable ? Pourquoi cette policière ne veut-elle absolument pas l’arrêter ? L’une des deux gagnera. Mais que veut dire gagner dans ce genre de circonstances ?"

Interview

Qu'est-ce qui t'a poussé à vouloir absolument réaliser ce film (je sais que tu as eu de grosses difficultés avec les droits) ?

Je m’intéressais au sujet car le nombre de femmes mourant sous les coups de son compagnon en France me semble hallucinant : une tous les deux jours !
Mais je n’avais pas envie de faire un film didactique sur le sujet. Comme pour La journée de la jupe, je voulais avant tout faire un spectacle. Le livre de Jean Teulé a été le déclic.
Rajoute à ça le feeling et c’est parti….

Je n'ai pas encore vu "Arrêtez-moi" (adapté du livre de Jean Teulé : "Les lois de la gravité") : il a des petits airs de "Garde à vue" au féminin : y-a-t'il des similitudes entre ces deux œuvres ?

Oui parce qu’il s’agit d’un face a face Flic et coupable présumé dans un commissariat et non parce que dans « Garde à vue » la question est : « Serrault est-il coupable ? » alors que dans « Arrêtez-moi » La coupable vient elle-même se dénoncer au début du film. La question devient ira-t-elle en prison ? Pourquoi tient-elle tellement à y aller ? Et pourquoi la flic ne tient pas du tout à l’emprisonner ?
Les ressorts de l’histoire ne sont pas du tout les mêmes.

Adapter un livre c'est risqué de décevoir son lectorat : tu penses qu'il est plus sage de lire le bouquin avant de voir ton film ou le contraire ?

Je n’ai pas d’avis sur la question. Il s’agit d’une vraie adaptation puisque dans le livre, le flic est un homme et dans le film c’est une femme jouée par Miou-Miou. Du coup les rapports entre les personnages ne sont pas les mêmes. Et la fin est différente.
Bon, finalement j’ai un avis : ALLEZ VOIR MON FILM D’ABORD !

Jean Teulé a-t-il déjà vu le film et qu'en a-t-il pensé ?

Oui et il m’a dit des choses très touchantes à la sortie. Et comme il s’est ensuite proposé pour faire avec nous la promo du film, ca devait être sincère.

Après "La journée de la jupe" tu sembles avoir pris un tournant, préférant le drame à la comédie qui était ta marque de fabrique : des raisons particulières ? Est-ce définitif ?

Pas du tout. C’était le mood du moment. Je continue à aimer les blagues de Toto. D’ailleurs dans les deux films que tu cites, il y a malgré tout des moments ou l’on rit…

As-tu eu ton mot à dire sur le casting ? Diriger d'aussi importantes comédiennes, c'était un challenge pour toi ou tout simplement ça fait parti de ton job ?

Tu plaisantes ? Non seulement j’ai eu mon mot à dire mais j’ai choisi chaque acteur du plus important au plus petit rôle. Et diriger de telles comédiennes est un plaisir dont on rêve quand on débute comme un musicien rêve de jouer sur les meilleurs instruments..

Tu n'a pas écris le scénario de "Arrete-moi", contrairement à celui de "La journée de la jupe" : est-ce plus délicat de tourner un projet "de commande" ?

Ce n’est pas du tout un projet de commande ! J’ai mis trois ans à le monter ! J’explique sur mon blog Facebook (https://www.facebook.com/groups/arretezmoilefilm/) combien j’ai du me battre ne serait-ce que pour arracher les droits du livres… Et j’ai écrit le scenario adaptation et dialogues à partir du livre de Jean Teulé.

Petite question technique : sur "La journée de la jupe" tu es crédité comme scénariste ET dialoguiste : est-ce deux statuts différents en France ?

Pas qu'en France. Michel Audiard a écrit beaucoup de dialogues de scenarii qu’il n’avait pas écrit par exemple. En très schématique le scénariste écrit l’histoire, sa construction, son déroulé puis ce qu’il se passe dans chaque scène. Le dialoguiste écrit… les dialogues de ces scènes.

Es-tu du genre à suivre les scores au box office de tes films ou ça te laisse indifférent ?

Pas du tout indifférent ! Par orgueil d’une part (envie d’être aimé et de ne pas faire perdre d’argent aux investisseurs) et pragmatisme d’autre part. Il est beaucoup plus difficile de monter un film quand tu sors d’un échec.

Le CNC n'a pas donné le devis de "Arrêtez-moi" : son budget est estimé à combien, si ce n'est pas indiscret ?

Je n’ai pas le devis exact. Entre 4 et 4,5M€

Certains de tes derniers films ont été fait pour la TV (même "La journée de la jupe", initialement) : c'était une volonté de ta part ?

Pas pour la Journée de la Jupe. Pour les autres oui.

Le travail pour un film de télé est-il vraiment si différent ?

Oui. On a moins de temps, moins d’argent. On ne peut pas faire les mêmes choses.

As-tu quelque chose à ajouter à cette polémique lancée par le big boss de Wild Bunch à propos du financement du cinéma français et des acteurs trop payés ? Je crois que tu es plutôt d'accord avec lui ?

En partie oui. Je crois qu’un bon salaire assorti d’un intéressement aux bénéfices serait le plus juste. Le problème pour cette formule idéale est l’opacité des comptes d’un film. Elle ne pourrait s’appliquer qu’avec un contrôle qui les rende transparent. Et on est loin de cette transparence.

Quels sont les derniers films que tu as vu au ciné et qui t'ont plu ?

J’ai vu il y a deux jours en DVD « La couleur des sentiments » que j’ai adoré.
Au ciné, ce n’est pas le dernier que j’ai vu mais Bullhead m’a marqué.

As-tu déjà de nouveaux projets ? Des envies ?

Rien de fixé mais plusieurs pistes…

Un immense merci à Jean-Paul pour sa disponibilité et sa gentillesse : on lui souhaite, à lui et toute son équipe, le meilleur pour son film !