"Ne laissons pas la peur nous diviser", dit la gazelle
comme un message essentiel au film, un cri d'alerte qui résonne
étrangement en ces jours sombres de notre histoire mondiale...
Ou comment je suis rentré dans une salle de cinéma
pour voir un film Walt Disney, et comment j'y ai découvert
une tribune politico-sociale surprenante, brûlante et
brillante !!! Car si Zootopie ravira les plus
jeunes pour ce qu'il est (un film réalisé de main
de maître et orchestré par la crème de la
crème des dessinateurs / animateurs), il ne pourra aucunement
laisser de glace les adultes qui les accompagnent, pour un peu
que ceux-ci veuillent bien aller au-delà des apparences.
On commence pourtant par assister à ce genre d'oeuvre,
classique, qui nous parle d'ambition et de réussite promise
à qui le veut vraiment et ose sortir de son carcan social,
sujet très "américains" s'il en est
; on atterrit par la suite dans la bien-nommée "Zootopie",
monde multiple où tous les animaux vivent en harmonie,
sans pour autant que ce monde soit naïvement idéal
-et le film ne l'est jamais- puisqu'il existe une criminalité.
Zootopie est absolument somptueuse, le genre d'endroit rêvé
et fantasmé dont on aimerait visiter le moindre recoin,
s'y attarder un peu, flâner ; mais ce n'est pas le but
du film, son sujet est tout ailleurs. D'ailleurs il n'y a pas
grand chose de "technique" d'expliquer à propos
de cette ville, l'anthropomorphisme qui paraissait être
au centre de l'oeuvre n'y est finalement qu'un simple décor
: un décor et autant de métaphores à la
finesses remarquables qui vont révéler le fin
mot de l'histoire. Car, au gré d'une enquête qui
va s'avérer peu à peu passionnante, au gré
d'un film qui va crescendo et attise de plus en plus notre intérêt,
ce n'est pas tant ce traditionnel et quelque peu vide plaidoyer
contre les préjugés qui est en jeu, mais bel et
bien celui de la stigmatisation de tout un peuple pour ce qu'il
semble être ou avoir été (ou d'une religion,
ou d'une couleur de peau : qu'importe). Au gré du film
nous verrons des certitudes s'effondrer, des situations changer,
s'inverser même : les méchants ne sont pas forcément
ceux que l'on croit, le Mal n'est pas affaire d'ethnie, de religion,
de coutume ou... de régime alimentaire ! Et les politiciens
d'en prendre pour leur grade, de même que les fonctionnaires
dans une scène absolument hilarante avec les paresseux.
"Ne laissons pas la peur nous diviser" : j'espère
de tout coeur que les spectateurs qui verront ce film de par
le monde, lui feront un véritable triomphe, s'en souviendront
encore au moment de glisser leur bulletin de vote dans l'urne...
NOTE : 17-18 / 20