Sa majesté spatiale des mouches.
Un voyage interstellaire conduit les descendants de l'humanité
vers une nouvelle planète : cependant cette traversée
ne sera pas sans accrocs.
Voyagers s'appuie sur un vieux fantasme toujours
irréaliste pour cause de planètes encore invivables
et / ou de voyage irréalisable, même sur plusieurs
générations. Plutôt que de soigner notre
pauvre Terre...
Le film aborde pourtant cette problèmatique
de façon réaliste et analyse le voyage à
hauteur d'homme / de femme, incluant une notion nouvelle, à
savoir la transformation de ces humains voyageurs en quelque
chose de plus "robotique", malléable, contrôlable,
afin de (re) partir sur des bases "saines" (vu ce
que transporte le vaisseau, cela reste incongru...). Arguant
de ce libre-arbitre qui fait de nous des êtres libres.
Voyagers part comme une fusée, énonce
son principe de façon froide -même lorsque le réveil
se fait-, sans grande émotion pour nous embarquer. Il
reprend la thématique du roman de William Golding : libérés
de leur carcan d'obéissance on assistera inéluctablement
à une guerre de pouvoir ou tous les vices humains se
manifesteront, exacerbés, se mutant en diverses explosions
de violence, en divisions profondes ; divisions engendrées
cette fois par la peur. Mais tout s'effectue sous le regard
d'un N. Burger un peu coincé et en manque d'imagination
: il aurait été, par exemple, plus judicieux de
rendre les images plus chaleureuses au fur et à mesure
de l'avancée de l'intrigue. Et mettre plus en avant les
modestes décors n'aurait jamais été superflu.
Curieux mélange au rythme lent, manquant de justesse
psychologique, de créer de véritables personnages,
et évitant d'aller au fond de son sujet, d'oser plonger
ce vaisseau à corps perdu dans le chaos. L'histoire manque
réellement de strates. De plus il n'évite pas
la caricature envers son illustre modèle, peinant à
trouver sa propre voie : cette histoire "d'alien"
montre aussi bien les intentions que les limites du scénario.
Imaginez le même film avec un P.
Verhoeven à la barre...
NOTE : 10-11 / 20