Chihiro aurait très bien pu se nommer Alice... mais
elle aurait été, alors, au pays des monstruosités.
La scène d'ouverture de ce Voyage de Chihiro
n'est rien de moins qu'un petit chef d'œuvre,
une invitation à l'aventure, à la peur, en un
émerveillement à l'état le plus cristallin,
en un retour à l'enfance à l'état le plus
pur qui soit et dont Chihiro n'est que l'expression type, celui
de l'enfant trépignant, tressautant, trébuchant,
maladroite. Le film possède cette magie rare qui nous
transporte dans un autre monde -supra humain-, un univers loin
de tout ce que l'on connaît, à l'identité
forte et prononcée. C'est une fantaisie, une parenthèse
dans la vie d'une petite fille, un rêve peuplé
d'architectures démesurées, de machines délirantes
et mystérieuses, de créatures un peu folles, fantasques
et à la symbolique abscons qui mériterait une
étude amplement approfondie ; le tout régit par
des règles incongrues qui se mêlent à merveille
à une mythologie plus sérieuse. C'est un véritable
chatoiement de couleurs et d'idées, de lumières,
où l'originalité le dispute au génie en
un flot incessant, fourmillant de détails qui donnent
le vertige. D'une richesse visuelle exceptionnelle, étourdissante
et éblouissante, c'est un cauchemar labyrinthique vaguement
inspiré de Metropolis où Chihiro entreprendra
un voyage initiatique qui doit également beaucoup à
Lewis Carroll, découvrant le monde des esprits / des
adultes, du travail et de l'obéissance, de l'amour et
des souvenirs perdus.
Le voyage de Chihiro est un bonheur de chaque
instant, une oeuvre hypnotique, fruit d'un émerveillement
constant : ce n'est pas un film, c'est un miracle.
NOTE : 17 -18 / 20