Je ne reviendrai pas dans ces quelques lignes sur le sempiternel
débat tournant autour de l'influence de Mézières
sur Lucas : ces deux DJ de la
SF ont en fait samplé les mêmes influences postérieures
aux années 70 et les différences entre leurs deux
oeuvres sont notables.
Par contre, globalement, Besson s'est fourvoyé de la
même façon que Lucas avec sa prélogie en
abusant de numérique et en étant trop démonstratif
visuellement : mais avec beaucoup moins de substance et / ou
de background pour rattraper le coup. Si l'intro sur l'air de
"Space oddity" est un must, la première scène
est pourtant symptomatique : on a carrément l'impression
d'assister à la vision du trailer du dernier jeu vidéo
à la mode : beau mais terriblement lisse et sans âme.
Et le principal défaut du sieur Luc -que j'admire respectueusement,
je le rappelle- aura tôt fait de ressortir : cette impression
d'artificialité qui ne nous quittera plus tout au long
du film et qui provient essentiellement d'une chose. Le pauvre
scénario. La mission première est franchement
pataude et j'ai eu toutes les peines du monde à m'y intéresser
un tant soit peu. Ensuite, bien trop tôt, on va nous dévoiler
le soit-disant bad guy du film : pour le perdre de vue plus
d'une heure durant et rebondir avec un faux suspens du plus
vilain effet (mais qui était le capitaine du vaisseau
???). Autre problème notoire : les personnages. Pas facile
de rendre crédible 2 acteurs pas encore trentenaires
pour jouer de "vieux" baroudeurs (9 ans de missions
s'exclament-ils !!) et impossible de s'identifier clairement
à des personnages aussi mal dessinés. Entre leurs
vieilles punchlines dépassées et leur caractère
transparent, ils ne délivrent aucune espèce d'émotion
et leur love story de derrière les fagots ne tient jamais
la route. Alors bien sûr : on rattrape le coup avec une
démonstration d'inventivité (l'alien polymorphe
ou le magasin "virtuel" en sont des preuves évidentes),
des effets spéciaux que nous envie désormais Hollywood
(ILM, WETA & Rodeo FX majoritairement...), un univers bigarré
et coloré, de l'énergie à revendre et une
foultitude de micro-idées. Mais visuellement ça
reste bouffi de numérique, laid à force d'être
tape-à-l'oeil, voir too much, et manquant d'être
sobre pour être à la fois plus consistant et plus
homogène. Je pense même que la dernière
demi-heure sauve le film de la catastrophe : elle aurait mérité
plus ample développement et surtout d'être remise
au coeur du scénario par petite touches. On aurait pu
assister à une ôde à la nature démontrant
que l'on doit impérativement s'y recentrer, à
un film anti-militariste où la lutte n'est que le dernier
recours et mieux encore, à un plaidoyer contre l'impérialisme
culturel (nous n'avons pas tous les droits sur les peuples technologiquement
moins "évolués" que nous). Tout ce qu'il
n'est pas assez expressément. Mêmes défauts
qu'Arthur : le film s'avère creux, plein
de références mal digérées, aboutissant
tardivement à un excellent sujet gâché et
noyé dans une débauche d'idées qui en font
une oeuvre fade, car le scénario y est bien trop limpide
derrière ses fastes, l'intrigue particulièrement
fade et translucide. Ca bouge beaucoup : mais on s'en fout.
Cet échec suggérera-t-il à Luc de faire
écrire son prochain film ??
NOTE : 6 - 7 / 20