La
tranchée |
(13-14) |
On croit dur comme fer au film de guerre... l'espace
d'une bataille en bonne et due forme. Puis le brouillard apparait, pour
ne plus disparaitre, quelques survivants se retrouvent dans une tranchée,
avec d'autres survivants ennemis, terrorisés ; les voilà
dans un univers clot, poisseux, sâle, boueux, jonché de cadavres,
isolé de tout... on ne verra pas de ciel, de couleur, de sortie,
à peine le monde extérieur, un immense champ de bataille
qui respire la mort. Tous les thèmes, les personnages du film de
guerre répondent présent (gangrène, désertion,
fou de guerre, blessés, peureux, torture..,etc) et le film garde
le cap... jusqu'à ce que le sentiment de ne plus être seul
s'empare des soldats et de nous-même, le sentiment d'être
observé, de pouvoir être attaqué par surprise à
tout moment, de voir des cadavres bougé, de sentir la mort. Puis
la mort vient, de nulle part, la peur gagne, la folie, une angoisse impalpable,
une violence et une sauvagerie inouïes ; la menace est invisible,
elle n'a pas d'explications, l'issue est inéluctable... Voici une
oeuvre aux couleurs de boue, du ciné fantastique qui prend un cadre
original et fini par sortir des sentiers battus, un film où le
surnaturel s'immiscie en douceur, sans abondance d'effets, mais avec une
efficacité redoutable. Joliment trompeur et déroutant. |