Ligeia, païenne, est enterrée en terre chrétienne
: mais est-elle vraiment morte ? Sous l'œil aguerri d'un
Roger Corman au sommet de sa gloire et au bout de son cycle
d'adaptations de Edgar Allan Poe : Sa mise en image est tour
à tour délicate, mouvementée et inventive.
Dommage que la direction artistique soit un peu pauvre.
Le personnage central atypique, Verden Fell, est pour beaucoup
dans l'atmosphère du film : des yeux sensibles à
la lumière, colérique, constamment triste, épleuré
et étrangement violent envers sa défunte épouse,
ce qui constitue véritablement le coeur vibrant de l'oeuvre.
V. Price se gargarise dans un scénario qui joue de son
mystère avec brio même si, sur la longueur il perd
un peu de sa verve.
Et cette Tombe de Ligéia de refuser
une certain forme de classicisme : des animaux qui ressuscitent,
un chat noir encombrant, des épitaphes étranges
et changeants, des cadavres qui disparaissent, des décors
saisissants ; le film joue plus aisément avec l'étrange,
le macabre plutôt qu'avec de grands effets, laissant flotter
un certain et fort agréable flou autour du scénario
et de ce qui l'entoure. Film de fantômes sans fantômes,
au twist final des plus originals et à la violence non
retenue. Vraiment très bon.
NOTE : 15-16 / 20