Stay |
(15-16) |
Vous aimez vous poser des questions en regardant un film ? Pourtant ce ne sont pas des questions qui vous surprendrons de prime abord mais bel et bien une réalisation et un montage très recherchés, ne s'essouflant jamais, parfois surprenante : réhabilitation de l'ellipse chère à Godard, effacement des transitions cinématographiques (par un simple traveling, parfois), réalisation qui explose l'espace filmique (un fameux "180 °") et semble s'amuser terriblement avec la plus grande des variétés de plans, déconstruisant parfois son cadre sans que l'on ne sache dans quel but il fait cela... Tout ceci rend le film extrèmement fluide, d'une beauté qui semblerait gratuite, peuplé d'effets que l'on pourrait croire malhabiles, un peu comme si un réalisateur filmait le scénario d'un David Lynch ! Et puis il y a le scénario : simple en ses prémisses, se complexifiant au fil des minutes, basculant peu à peu dans une espèce de folie incompréhensible, aux abords du fantastique, entre prédictions du futur, liens étranges entre les divers personnages, dialogues énigmatiques, la thématique du suicide... bref, une espèce de brouillon dont on attend la conclusion, un peu stressé par le fait que l'on pourrait bien être déçu par les explications de cette folie parfois poussive ou artificielle. Mais voilà : le final justifie les choix de fluidité du réalisateur, sa réalisation aussi variée que déstructurée car on nous révèle (attention : spoiler !), enfin je crois, que nous venons d'assister aux dernières pensées d'un mort en sursis, un homme dans le tunnel de lumière qui regarde son environnement proche et immédiat et laisse vaquer son esprit, entre son imagination et les bribes de sa vie réelle... Le film est réaliser un peu de la même façon que l'on pense : illogiquement, passant d'une chose à une autre, noyé dans une foret de symboles plus ou moins clair. Pour moi la représentation de cette pensée est très largement réussie et inspirée. |