Splice |
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Nouvelle variation sur le mythe du célèbre
Docteur Frankenstein. Quelle est la principale force de ce film ? Tout
simplement de partir d'un argument de série B (la création
d'une nouvelle forme de vie, avec l'excuse première de vouloir
chercher l'inévitable mais impossible perfection) et étirer
le film vers une véritable et solide série A ; comment ?
Simple : il suffit de prendre ce qui ne sert généralement
que d'introduction à un B-movie (le développement de la
créature) et de le développer sur la quasi totalité
du film (le "monstre" jouant le rôle que l'on attend de
lui, et devenant tel, uniquement sur la fin). Car ce monstrede laboratoire
va devenir peu à peu un être humain, avec des émotions
(qui influeront sur les notres) ; mieux : la créature, objet de
science, va devenir l'enfant d'un couple de scientifique, puis l'objet
du désir, avant d'échapper inévitablement à
ses créateurs. Une nouvelle fois l'homme se met à la place
de Dieu, il crée la vie, il crée un "monstre"
et devient à son tour monstrueux en oubliant qu'il ne peut maitriser
la nature. Voici une sujet presque banal, sensiblement traité,
avec sincérité et honnèteté, peut-être
en évitant trop une réflexion poussée sur les enjeux
scientifiques et déontologiques d'une telle activité, mais
avec beaucoup de qualité visuelle : les effets sont globalement
réussis, la photographie épouse à merveille nos émotions
(à la froideur des images scientifiques du début répond
la chaleur humaine des images de la seconde partie) et l'oeuvre est réalisée
avec finesse et intelligence. |