Le seigneur des anneaux

Sachez tout d'abord que ce film ne représente que la moitié de l'oeuvre d'origine : l'adaptation de la seconde moitié ayant été abandonnée par United Artist... Et voir le grand Ralph Bakshi s'attelerà l'oeuvre de l'immense Tolkien avec la bénédiction de ses descendants a ne pouvait que difficilement nous décevoir. Promesses en partie tenues : les décors sont sublimes, aussi variés que beaux et respectueux, les dessins sont non seulement plaisants mais parfaitement griffés, profondément évocateurs et complètement originaux à une époque où seul Disney avait le droit de citer. La réalisation du maître va bien au-delà du simple film en 2 dimensions : d'une rare puissance, d'une grande finesse, elle inclus des effets novateurs (le panoramique autour d'un groupe de personnages : on ne reverra pas cela avant La belle et la bête de Disney !) et surprenant (la rotoscopie : des personnages en prises de vue réelles sont brillamment intégrés au cartoon). Alors certe l'adaptation est, non seulement partielle, mais très condensée, pourtant elle n'en conserve pas moins une vraie sincérité, une belle fidélité en gardant le juste essentiel de l'oeuvre originelle ; on ne détaillera pas ici les impasses et les réussites, mais le côté infantile des Hobbit du début s'estompe peu à peu, à l'image de ce que l'on trouve également dans le livre. On regrettera toutefois une musique un peu passe-partout, un montage chaotique qui s'avère parfois complètement disgracieux, des batailles qui n'ont pas la saveur de celles mises en scène par P. Jackson (mais compte parmi les réussites du film), visuellement les diverses techniques employées font un vilain effet de patchwork et les divers monstres sont quelque peu dépassés visuellement. Mais tant de sincérité, d'audace, de fidélité et d'ambition respectueuse ne peuvent qu'emporter notre adhésion.