Quand on va voir un film de Snyder on a toujours
peur que la beauté envahissante du produit l'emporte
sur le fond... et ce n'est jamais le cas !!! Car Zack a compris
une chose : le cinéma est un art visuel et un excellent
scénario sans une excellente mise en image... c'est de
la radio !
La 1ère image, dans le brouillard nous permet de dire,
qu'ici, la 3D ne sera pas artificielle. Puis apparaissent nos
héros : des chouettes (original, non ?) que l'on croirait
sorti d'un documentaire, en tous les cas d'une étude
zoologique fouillée tant les détails sont tous
minutieux et absolument fantastiques ; chaque mouvement est
précis, "animal", hyper réaliste, le
rendu des plumes nous laisse sans voix, les séances de
vol nous rappelleraient presque "Le peuple migrateur",
et pourtant il y a une véritable identification à
ces "personnages" car ils existent, ressentent des
émotions et nous les font parvenir intactes grâce
à une animation intelligente et très fine qui
ne trahit pas leur statut d'animaux, ne les humanise pas mais
les rend émotionnellement viables.
Les images, toutes les images, sont absolument renversantes,
les décors et en particulier les immenses forêts
; le soin qui leur est apporté est un signe non pas d'art
mais presque d'artisanat et le souci du détail en font
des objets presque plus vrai que nature, en tous les cas magnifiés
par la cinégénie. Snyder poursuit une carrière
sans faux pas et sont travail est parfait : autant dans la durée
de chaque plan (il laisse parfois trainer sa caméra pour
nous faire découvrir les lieux sans plans cuts) que dans
la mise en relief des scènes, il y a une recherche formelle
sur la façon d'aborder chaque décors et d'impliquer
les spectateurs ; les combats sont titanesques et il n'a pas
sa pareille pour en sublimer chaque mouvement (ses désormais
célèbres ralentis), surtout lors des séquences
de vol qui sont d'une beauté... naturelle.
Mais alors qu'en est-il au niveau de l'histoire ? C'est un cartoon
plus adulte que la moyenne, une oeuvre de fantasy dans la plus
pure tradition (un groupe sombre, magnifiquement appellé
"les Sangs-Purs", asservi les faibles, un héros
qui n'en est pas un trouvera des ressources et accèdera
à la légende), une aventure ambitieuse qui ne
ménage pas son audience : kidnapping, trahison shakespearienne
qui ira jusqu'au bout de son raisonnement, fin ouverte, drame,
nombreux personnages et un bon soupçon de frousse et
de violence, sans être pour autant frontal à la
vue de l'audience. Globalement le scénario est bien équilibré
même si les scènes plus consensuelles sont plus
ampâtées bien qu'elles le fassent sans concession
à un humour bon enfant qui parasiterait le film. Il y
a même de nombreuses scènes qui nous scotchent
littérallement, et par leur grâce et grâce
à la musique absolument génial de ce film : on
débute par un quasi hommage à Morricone, frôle
du doigt les meilleures compo de Howard Shore et on poursuit
avec une merveille digne de G. Bregovic, trouvant ainsi des
tonalités variées et justes.
C'est un film qui est assuré de bien vieillir et de toutes
évidences résistera à de multiples visions.
NOTE : 15-16 / 20