Les
révoltés de l'an 2000 |
Narciso Ibanez SERRADOR |
(15-16) |
Après une longue énumération de
quelqu'unes des atrocités commises sur des enfants en période
de guerre (7 mn 30 d'horreur sur fond de générique...) on
passe sans transition sur la scène d'une plage où quelques
gros touristes heureux voient une menace planer sur eux. Difficile de
classer cette oeuvre incroyable : film humaniste et engagé envers
la cause des laissez-pour-compte, des innocents sans défense que
sont les enfants de la guerre ? C'est de toute évidence une parabole
éloquente, choquante, forçant le spectateur à réagir,
un film d'un symbolisme renversant et dont le titre original n'aurait
une fois de plus pas dû être manipulé ("Qui pourrait
tuer un enfant ?"). L'histoire ? Sur une île désertée
un couple de vacanciers va découvrir l'abominable vengeance des
enfants sur un monde adulte les ayant spoliés depuis toujours :
oeil pour oeil, dent pour dent. Si la réalisation n'est pas toujours
à la hauteur du propos elle connaît cependant quelques belles
envolées pas loin d'être lyriques et permet au film de voir
peser sur lui une atmosphère... éprouvante. Ambiance moite,
chaleur extrême, personnages dérangeants, mutisme, musique
glaçante, morts et crimes odieux commis par des enfants pas très
loin de s'amuser... Etrange et entrainant, intriguant à souhait,
ce film est un superbe mélange de "Sa majesté des mouches"
et "Le village des damnés", mais sans retenue auune concernant
la violence. Une oeuvre dérangeante et un choc qui nous met face
à nos responsabilités d'adulte, face à notre Histoire,
le faisant de la façon la plus troublante et ambigüe qui soit,
et ce jusqu'à l'ironie du final. L'homme, à force de pervertir
l'innocence, son propre futur, n'entraîne-t-il pas toute l'humanité
à sa perte ??? |