Oeuvre métaphorique, absolument originale et d'une richesse
prodigieuse. Nous sommes tout d'abord happé par une musique
entêtante et expressive, les images nocturnes subtilement
illuminées comme dans un rêve. Et Bayona frappe
fort : sa réalisation est aussi variée qu'époustouflante,
prenant le spectateur par la main et l'entraînant automatiquement
dans ses rêveries. Les effets spéciaux, magnifiés
par une bande-son incroyable, sont totalement bluffants. C'est
un film qui occile entre le rêve et la réalité
et qui, par-delà les très nombreux thèmes
traités, lance son intrigue : mais que sont donc ces
rêves à moitié éveillés ?
Conte dans le conte le film va dissiminé quelques pistes
à travers 3 récits au format inhabituel, animés
de façon sublime et coloriés façon "aquarelle",
trois histoires qui parlent de mort et vont faire avancer le
petit héros sur le chemin du deuil ; et révéler
son trauma. Car si le thème principal est bien la mort
-celle imminente de la mère- le film évoque ça
et là diverses notions tout aussi profondes : notamment
celle ambiguë, rarement manichéenne, du Bien et
du Mal. Des notions qui emmèneront le récit jusqu'à
son coeur : la culpabilité devant une mort devenue aussi
inéluctable que pénible. Le film oppose également
et de façon brillante la mort et la vie : d'un côté
la mort des personnages des contes, celle d'un grand-père
que l'on évoque, celle de la mère. De l'autre
l'existence qui se poursuit après un décès
(l'image du train qui passe au passage à niveau ; et
de nombreuses autres images significatives), l'existence face
aux autres, toujours plus valorisante -même quand on est
une tête de turc- que l'absence de considération
; les bêtises effectuée par le jeune garçon
sont autant de cris, l'absence de punitions en est une stigmatisation,
la violence qui en découle l'expression ultime. Visuellement
éclatant (l'arbre / monstre, le cimetière), d'une
immense finesse dans l'analyse, Quelques minutes après
minuit est définitivement original à
la fois dans le ton, sur le fond et sur la forme. Les dernières
images y sont puissamment évocatrices...
NOTE : 15-16 / 20