Quatre mouches de velour gris reste sans
aucun doute le film plus réussi de la "trilogie
animalière" : original dans le fond et totalement
maîtrisé sur la forme.
Formellement il s'agit d'une oeuvre de très haute volée,
Dario Argento se réinventant constamment, expressif comme
pas deux, jouant divinement sur la notion d'espace et de suggestivité
-sa marque de fabrique-, usant de split screen, de mouvements
amples, de plans à la vivacité folle, de ralentis
éloquents. Un régal !
Mais tout cela ne serait que de la poudre aux yeux si le scénario
ne suivait pas cette maestra : un musicien fait l'objet d'un
drôle de chantage après un accident mortel. L'histoire
trouve son originalité dans le fait qu'il ne s'agit pas,
cette fois, d'un meurtre somme toute classique : la trame rebondit
de bout en bout, multiplie les personnages ainsi que les pistes,
et se permet, s'il reste un giallo dans l'âme, de se frotter
au fantastique. On retrouve toute la palette narrative d'Argento
: depuis ces cauchemars choquants (représentant, ici,
la culpabilité du héros), jusqu'aux meurtres sadiques
du forcément mystérieux maître chanteur,
en passant une sexualisation des protagonistes. Ajoutons que
le montage y est absolument séduisant, parfois hallucinant,
la patte Morricone très présente, et que les acteurs
sont très efficients (avec en guest star Bud Spencer
et J.P. Marielle en médiocre détective !).