Ceci n'est pas une histoire de fantômes.
Elle vient d'enterrer son mari et rentre seule, le soir de la
cérémonie, dans sa grande maison, silencieuse.
Presque silencieuse...
Et le scénario de poser de prime abord, et habilement,
une question essentielle tout en laissant le doute s'installer
: souffre-t-elle de syndrome post-traumatique ou est-elle confronté
au fantôme d'un homme tourmenté ? La réponse
aura de quoi vous surprendre...
D'ailleurs le scénario ressemble plus à une vraie
étude de cas qu'à un nième épisode
de Paranormal activity. Le tempo n'est pas
le même, le film prend son temps, sonne juste, le personnage
est approfondi et surtout rationnel, magnifiquement interprété
par Rebecca Hall, loin des scream queens habituelles. La trame
sort des sentiers battus et s'aventure vers des thématiques
proches du cinéma indépendant : la découverte
de l'être aimé, tout autre, après son décès
dans de pénibles circonstances.
On est intrigué par ces mystérieuses pertes de
conscience, on est happé par ces séquences au
parfum d'inédit ; tout est diffus, flou, imperceptible
et à mi-chemin entre le rêve et la réalité,
la folie et la normalité. Le scénario nous surprend
de minute en minute, laissant les questions fuser avec malignité,
mettant en lumière le passé dans un labyrinthe
mnémonique de sensations.
Au-delà de tout cela c'est également une œuvre
sur le manque, la solitude soudaine qui ronge celui qui reste,
et surtout à propos l'amour dans ce qu'il a de plus absolu,
posant des questions essentielles juqu'en sa toute fin, par
le choix ultime de son héroïne. Encore un film qui
va au bout de son concept pour renouveler un genre sclérosé,
qui ose prendre des risques ; au risque de perdre certains spectateurs.
Le réalisateur joue habilement sur les hors champs, déclenchant
l'effroi, l'inquiétude ou la suspicion et propose une
oeuvre dense, intelligente et parfaitement maîtrisée.
NOTE : 15-16 / 20