Ceux qui ont faim : de vie.
Un premier film de vampire très emprunt d’érotisme
lesbien, à la réalisation toute à la fois
clipesque et raffinée à l'extrême : un pur
bonheur d'esthète au montage tout aussi saisissant. Une
oeuvre qui fait appel aux sens (musique divine, photo embrumée,
corps qui se touchent, bouches qui mordent), un film de sensations
grâce aux recherches visuelles de son auteur et à
un scénario… étouffant. Jonglant parfaitement
entre l'horreur et le sexe, l’auteur dépoussière
les vieux Murnau et autres Fisher : hyper sexué, la violence
le dispute à de magnifiques envolées de musique
classique ("Lakmé"), et ici le vampire est
femme (Catherine Deneuve !), créature monstrueuse de
charisme, de force, de solitude, sans préférence
sexuelle (le sang a toujours le même goût et la
même couleur), une simple amoureuse qui vous enlacera
à jamais. Casting éclectique s'il en est, Bowie
et Sarandon plongent dans cette atmosphère intense et
sensuelle avec autant de plaisir que nous, explorant avec puissance
toute la mythologie vampirique. On y retrouve inexorablement
les thèmes de la vie et de la mort, de l'immortalité
relative et de la mortalité : de jeunes personnes qui
paraissent vieilles, des vieilles personnes qui semblent jeunes
et un homme qui vieillit "prématurément"
et inexorablement. La transformation de Bowie est exceptionnellement
réussi et le final édifiant (Fullerton).
NOTE : 17-18 / 20