En l'espace de 3 scènes intriguantes, peut-être
un rien maladroites, mais faisant tout autant office de signature
de la part de cet auteur atypique et unique, le film pose les
bases d'une oeuvre à l'ambiance mortuo-horrifique et
décalée comme vous n'en avez jamais vu.
Et ce n'est pas la pléthore de personnages dingues qui
me fera mentir, participant de beaucoup à cette impression
première qui persistera jusqu'à la fin : à
commencer par ce croque-mort croque-mitaine -le Tall Man- qui
ne ressemble à aucun autre méchant du cinéma
de genre ; créature à l'apparence humaine mais
pour le moins étrange et inquiétante, sans que
l'on sache véritablement pourquoi : si ce n'est ce besoin
de corps morts humains, ces veines gorgées de sang à
la couleur frappante et ces métamorphoses inédites.
A celui-ci s'ajoute des nains encagoulés au rôle
mystérieux et au visage non moins surprenants. Une grand-mère
sorcière / sage que l'on aurait aimé voir plus
souvent. Et un récit conté du point de vue de
l'enfant, ce qui nous permet une identification plus importante.
N'oublions pas les désormais cultissimes boules argentées,
volantes et vous tuant en vous vidant de votre sang !!
Mais c'est le mystère presque insoluble qui entoure le
scénario qui finit de nous happer, les questions qu'il
suggère, qui en font vraiment une œuvre à
part, un moment déroutant de cinéma. Révélant
un original, inquiétant et inexplicable rituel, ni véritablement
satanique, ni zombiesque, et dont les raisons sont... déstabilisantes.
C'est une œuvre (peut-être) plus profonde qu'il n'y
parait, évoquant la peur de la mort et l'abandon : l'usage
des macchabées en serait une vague métaphore...
Phantasm serait le chaînon manquant
entre le cinéma grand-guignolesque des années
70 et le cinéma d'auteur ! Et c'est très clairement
un chef d'œuvre musical.
J'ai une immense affection pour ce film, imparfait tout autant
que séduisant, bricolé (le montage pique les yeux,
la "mouche" fera perdre votre sérieux) mais
tellement sincère. Une oeuvre bourrée jusqu'à
la moëlle d'idées folles, scénaristiques
et visuelles, abscons comme tout bon cauchemar. Énigmatique
jusqu'en son final.
Une perle.
NOTE : 15-16 / 20