C'est tout d'abord un travail extrêmement soigné,
sans nul doute l'un des Disney les mieux réalisés, tant au niveau de l'animation que du détail (les jeux d'ombres), ainsi qu'un récit
devenu classique parmi les classiques, un réquisitoire pour les
âmes innocentes, les rebelles de tout poil qui crachent sur l'argent,
la gloire et le sérieux d'un monde qui l'est trop.
Peter Pan est un cri du coeur, un réquisitoire
contre le monde austère des adultes en opposition à celui,
plus léger, simple, fantaisiste des enfants, plus proche d'une
certaine nature (accentué par le fait que les enfants perdus sont habillés
avec des fourrures d'animaux et Peter tout de vert vétu). La main coupée du
capitaine étant le symbole du pouvoir qu'on lui a ôté
; son pouvoir étant bien évidemment celui de tuer l'enfant
qui refuse de grandir...
Bref un scénario brillant, très
énergisant, alternant un humour qui ne manque jamais de matcher, une aventure, une fantaisie pleine d'action, dans
un film vraiment surprenant, bizarrement l'un des plus adultes de chez
Disney (avec Le livre de la jungle)
: l'amour et la jalousie font partie des thèmes qui, également,
jalonnent l'oeuvre de façon assez rude (Tinker Bell
n'est que la magie silencieuse et jalouse, qui tente de tuer sa concurrente, étant prête à trahir par amour). Le film regorge par ailleurs de personnages fascinants : depuis les enfants croyants et les parents antinomiques -la mère bienveillante et le père trop terre à terre- jusqu'à ce Peter Pan à la forte personnalité, enfant éternel et complexe, à la fois espiègle, malin, mais également involontairement, infantilement cruel, capable de violence et d'injustice (coupant la main de Hook et tournant le dos à Clochette). Crochet représente le mauvais adulte : avide de pouvoir et de vengeance, méchant et ridicule, bouffon qui s'avère cependant trop poussif.
Sur un
ton définitivement original, Peter Pan est une oeuvre honnête et délectable,
pleine de trouvailles enchanteresses, très juste dans sa description du monde délirant de l'enfance, sans règle, sans loi, car sans adulte ; mais sans amour véritable. L'oeuvre pose mille et une questions, dont celle-ci : cette enfance est-elle condamnée à partir avec certaines croyances, sans souvenirs aucun ?
.Certaines chansons, autant en VO qu'en VF, demeureront immortelles.
NOTE : 15-16 / 20