2h10 de bonheur pur et simple et comme on n'en fait que trop
rarement. Pacific rim est avant toute chose un film étrange
d'où se dégage une drôle d'atmosphère
: une excellente explication quant à son manque de succès
en salle ; ce film est un manga live que sauront apprécier
tous fans et tous puristes du genre, une oeuvre "japonisante"
à tous les niveaux, que ce soit visuel (les belles mécaniques,
les faciès nippons, la passion des robots organiques)
et thématique (le genre kaiju eige, le mélange
homme / machine). Pas tout à fait ce qu'un public occidental
a l'habitude de voir au cinéma (Cf. la quasi absence
de sortie européenne et américaine des derniers
crus et succès du genre au Japon tel que One piece Z).
Ce qui m'a réellement le plus impressionné restera
sans aucun doute la réalisation O combien humble de Del
Toro : un abus sublime autant que justifié de contre-plongées,
vraiment très peu d'envolées lyriques gratuites,
une réalisation presque épurée, sans esbroufe
et surtout une leçon de cinéma pour un certain
M. Bay dont les oeuvres se compilent au montage... voir un plan,
durant un combat entre deux mastodontes, durer plus de 10 secondes
est un pur enchantement pour les yeux (et le cerveau...). Et
pourtant Dieu sait si ces combats sont homériques, titanesques
: mais la réalisation étant au service de l'histoire,
ils en deviennent d'une fluidité rare et donnent au film
une sensation d'équilibre parfait. Certains ont trouvé
que le film pêchait par son scénario ? Un peu,
oui : mais l'intéret est ailleurs que dans cette vague
toilel de fond. Les grandes lignes sont entendues mais le scénario,
de par son sérieux, met au rencart tous les Transformers
et Godzilla de la création, ce même scénario
qui puise dans une multitude de micro-idées qui sont
autant de ressorts dramatiques (le drame du début, un
kaiju qui sort de nulle part...etc), d'approfondissement psychologique
(la séquence avec la petite fille est vraiment forte)
et de surprises savamment dosés (le fin mot de l'histoire,
entre autre) ; même si nombre de ces ressorts restent
clichés, même si les sentiments sont chiqués,
même si la psychologie aurait mérité d'être
bien plus audacieuse de par cette connexion cérébrale
qui était une opportunité unique : on se laisse
prendre au jeu vraiment très facilement. Et si l'on se
laisse prendre si bien c'est grâce à des acteurs,
pas forcément connus, mais auxquels on s'identifie aisément
et dont la symbiose sur l'écran ne fait aucun doute :
la love story en katimini est par ailleurs d'une grande finesse.
D'ailleurs la structure même du scénario leur laisse
beaucoup d'espace au milieu du métrage, et c'est plutôt
inhabituel. Les effets spéciaux sont proprement monstrueux,
merveilleusement mis en avant, on en à la fois pour notre
argent et plein les yeux, les images atteignent bien souvent
le sublime -si bien qu'on les croiraient presque dessinées
par les meileurs graphistes nippons-, la photographie est léchée
et la musique est absolument entétante, obsédante
et elle dessert à merveille le côté manga
du projet. Un film catastrophe XXL, un film de gladiateurs du
futur. Un blockbuster, certe, mais un blockbuster avec une âme,
une âme d'artiste ; et une petite dose d'humour carrément
savoureuse (le mouvement perpétuel ou la scène
post-générique !). Un régal pour les yeux
qu'il faut savoir apprécier tel quel : n'oubliez pas
que H. Hawks avait tort...
NOTE : 15-16 / 20