Un meurtre aussi odieux que mystérieux, voir fantastique,
un écrivain presque célèbre, incompris,
amoureux de la mauvaise personne et gueulard, en tous les cas
un personnage haut en couleur.
Voici les derniers jours romancés du génial Edgar
Alan Poe. Encore une fois ce sera le travail visuel effectué
sur le film qui nous sautera joyeusement aux yeux : une Boston
du milieu du 19ème siècle, inquiétante,
sâle, brumeuse, victorienne, un peu comme si l'âme
des immigrants anglais planait encore sur la ville. Et puis
James McTeigue prend le relai : une réalisation élégante,
chiadée et particulièrement raffinée, pensée,
soignant ces plans, ces transitions pour accompagner ses personnages
; un travail très bien souligné par une musique
tout droit sortie d'une bonne vieille série B (de R.
Corman ?).
Ce film constitue un hommage de bout en bout à l'écrivain
maudit, un double hommage même : de part son ambiance,
de par son scénario finement ciselé avec les divers
récits du maitre comme fil d'Arianne, de par son intrigue
de copycat assez excitante et, dans un deuxième temps,
grâce à cette biographie involontaire qui permet
à l'histoire de prendre un certaine épaisseur.
Même si le montage n'est pas toujours à la hauteur
(le kidnapping de la fiancée...), McTeigue prouve à
qui veut l'entendre qu'il est un grand réalisateur, mais
un réalisateur à qui l'on ne donne pas forcément
sa chance et qui risque de sombrer dans l'oubli malgré
son immense talent.
NOTE : 13-14 / 20