On ne crée pas une oeuvre digne avec des morceaux éparses
d'idées, malhabilement assemblés, sans génie,
sans magie : un origin movie super-héroïque, un
film de savant fou (on pensera forcément à Banner
et à toutes les potions marveliennes) et un film de vampires.
Une mixture pourtant ambitieuse sur le papier.
Mais Morbius se contente de bien trop peu et
marche sagement, sans imagination aucune, dans les pas des genres
sus-cités. Il recrache fadement les problématiques
appliquées aux buveurs de sang, sans pour autant oser
véritablement embrasser le genre horrifique. Pire : ce
vampire n'est qu'un héros sans ambiguité, sans
questionnements (ou si peu), sans haine palpable, sans tiraillements
; il va irrémédiablement et sans surprise pencher
du côté des good guys et perdre toute sa profondeur,
sa puissance évocatrice.
Pour le coup il fait exactement la même chose avec le
thème des super héros, ayant gommé tout
aspect trop gênant, il n'oublie pas d'adjoindre un bad
guy à celui qui devait être un anti-héros,
à celui qui devait occuper les deux positions dans le
film ; un aveu d'échec scénaristique pour un personnage
translucide -sitôt que celui-ci ait fait son coming out-
et absolument inutile. Ce que le final torché en deux
temps semble assurément confirmer.
Je ne ferai qu'évoquer brièvement une "intrigue"
policière filiforme et qui, là aussi, non seulement
n'apporte rien au film, mais que le montage aurait pu élaguer
sans que cela ne gêne la compréhension de l'histoire
(les personnages policiers sont récurrents dans le cinéma
vampirique).
Morbius est donc triplement banal : visuellement
la photo ne se démarque jamais d'un film marvelien, le
scénario est profondément ennuyeux et, enfin,
la réalisation est anonymisée par quelques effets
visuels totalement gratuits.
Par contre ne crachons pas sur le charisme de Jared Leto, très
à l'aise dans le rôle.
Morbius est donc un film timoré et indigent
: et ce n'est pas le clin d'oeil à W. F. Murnau qui le
rendra plus fin.
NOTE : 5 / 20