D'un excellent sujet, que s'approprie brillamment S. King,
découle une magistrale adaptation. Remarquable histoire
centrée sur une fan ultime, récit qui résonne
encore et encore, et que l'on pourrait appliquer librement et
indéfiniment aux chanteurs / acteurs / footballers devenus,
dans notre monde moderne, de véritables dieux pour une
populace en manque de divin. Belle analyse d'une vie de solitude,
vécu par procuration, à travers les histoires
racontées dans des livres et dont l'auteur lui-même
doute de leur qualité. Et ici c'est le jusqu'au-boutisme
du sujet qui nous séduit : une groupie sans distance
aucune avec la fiction, passionnée et passionnément
ensorcelée, jusqu'à l'hystérie, jusqu'au
crime. Avec ce besoin de se projeter etde tout pouvoir contrôler
; jusqu'au bout du bout, en éliminant soigneusement la
barrière de la réalité, en supprimant chacunes
des entraves à son plaisir catégoriquement égoïste.
C'est tout autant une fabuleuse mise en abîme de la part
de l'écrivain S. King, le titre ne fait d'aileurs aucun
doute là-dessus : Misery est la véritable héroïne
du film. La plus grande fierté de l'artiste se transformant
en son plus gros cauchemar...
Tous les ingrédients d'une oeuvre solide sont présents
: il ne manque pas d'humour, pas plus que de recul (le coup
de la serrure) malgré que l'on soit enfermé dans
un thriller tendu, bourré d'idées croustillantes.
L'enquête en parallèle donne une certaine respiration
au récit -et au spectateur- et s'avère tout aussi
exquise.
Autre point majeur : Katy Bates y est sacrément exceptionnelle,
définitivement incroyable dans le rôle de l'une
des plus emblématiques psychopathes du cinéma,
d'un antagonisme absolu avec son métier d'infirmière.
Caan est immense. Et il y a une sacrée cuvée de
personnages, dont ce couple composé du typique shérif
d'une minuscule bourgade US, trop vieux pour travailler, et
de son épouse ; ainsi que de leur relation de vieux mariés.
Délicieux.
Sans doute que le film a un peu vieilli visuellement, un peu
raide au début, pas assez dans la nuance, mais le travail
s'approfondit au fur et à mesure du métrage, savoureusement,
et on finit par y adhérer.
NOTE : 15-16 / 20