Il est machiniste en usinage.
Cet homme n'a pas fermé l'oeil depuis un an : il est
maigre comme un cadavre, rachitique, ne connaissant que l'amour
d'une prostituée. Sa vie se divise entre un travail dangereux,
glauque, un passé qui semble ressurgir, un complot qui
se resserre autour de lui, un inconnu, des personnes interconnectées
à son insu et des images qui pourraient très bien
n'être que des allucinations... Et divers éléments
auxquels on passera à côté mais qui auront
leur importance à la toute fin.
Voici un film maladif, pâle comme la mort, à la
limite du noir et blanc, blanchi (à la javelle, comme
les mains de notre anti-héros), gris ; sur un scénario
extrêmement complexe, fouillé dans ses moindres
détails, tentaculaire comme l'esprit humain, doté
d'une intrigue labyrinthique fondée sur des aspects propre
à la folie. C'est un thriller démentiel, vaguement
fou et soudain embrassant une complète paranoïa.
Le complot prend des proportions inquiétantes, les repères
du machiniste se brouillent puisque certains personnages cesseront
d'exister, d'autres s'entremêleront, des photos seront
mystérieusement modifiées, des pistes seront brouillées,
certaines images trouveront un tout autre sens, la solitude
se fera atrocement pesante...etc. Alors sa réalité
va buter contre LA réalité, celle que nous, spectateurs,
ne soupçonnions même pas, jusqu'à ce que,
en une simple image, le puzzle que l'on ne voyait pas se mette
soudainement en place, jusqu'à ce que l'histoire du personnage
apparaissent sous son véritable jour, son identité
transparaisse et que la place de son passé et de sa conscience
trouve enfin leur juste équilibre.
Nous avons été baladé 1h30 durant par les
certitudes d'un homme malade. Ce film n'est rien de moins qu'une
perle... dépressive, maladive, sombre, cauchemardesque,
suintante. Une paranoïa cinématographique troublante
divinement interprétée par C. Bale. Sur des airs
qui ne sont pas sans rappeler certaines compositions de B. Herrman
pour Hitchcock (Psycho).
NOTE : 17-18 / 20