Les chiennes de paille.
Une femme récemment célibataire, et traumatisée,
loue une immense propriété dans l'Angleterre profonde.
Et Eve croqua la pomme...
Ici la maison et son jardin d'Éden représente
la paix intérieure à laquelle aspire toute femme
; et l'extérieur notre bonne société et
ses préjugés au sujet de la gente féminine
et de la féminité, l'hyper masculinité
et la toxicité. Auquel s'ajoute le poids d'un passé
qui refuse de s'enfoncer dans l'oubli. Men
a l'intelligence de nous offrir un scénario solide plutôt
qu'un catalogue froid de faits, ceux-ci parsemant judicieusement
le récit tel des rappels envers les spectateurs (mâles).
Men est ce que l'on pourrait appeler une véritable
forêt -au propre comme au figuré -de symboles ;
le tunnel n'étant que l'inconnu ; la statue antédiluvienne
représentant cette humanité / cette religiosité
construite autour de la seule masculinité. Mais c'est
également un thriller horrifique parfaitement assumé
et merveilleusement agencé qui sait monter en puissance
jusqu'à échapper totalement aux codes habituels,
nous prenant à revers pour notre plus grand plaisir.
Garland nous gratifie d'images hyper colorées, hyper
travaillées, impose son rythme, encadré par une
musique à base de superbes élans lyriques, tour
à tour criards et doux. Son film est traversé
de visions extrêmement puissantes, comme on en voit que
trop rarement au cinema, notamment à travers ce final
où la masculinité toxique renaît incessamment
-inversant ainsi les rôles de la matrice- puisque l'homme
est incapable de changement. Atmosphérique, même
si le film se noie parfois dans son propre symbolisme un peu
poussif (sexualité exacerbée, irrespect, traditionalisme,
frustration...etc).
Audacieux : le cinéma fantastique a enfin trouvé
une façon brillante d'évoquer ce brûlant
sujet.
NOTE : 17-18 / 20