Big Brother.
1984. L'illusion du plein emploi, une fraternité surranée,
une figure paternaliste et tutélaire à la tête de
l'état, une société de travail, la réécriture
constante de l'histoire et de la langue (le dictionnaire qui diminue
d'année en année...), la censure, la main-mise sur la
presse, le contrôle étatique depuis la pensée jusqu'à
la nourriture, la surveillance ubiquiste et la répression sanglante,
la manipulation des foules, les mensonges officiels, un état
sur-armé, des guerres incessantes, une justice sommaire, des
tortures systémiques... Et des conditions de vie absolument déplorables
(Vs l'existence frugale de la classe dirigeante) qui rappellent, notamment,
celles de la Corée du Nord actuelle. Où de l'Allemagne
de la Seconde Guerre Mondiale : le roman d'origine étant paru
en 1949.
D’une complexité prodigieuse, ce film n’en reste
pas moins d’une intelligence rare. En retranscrivant l’anticipation
de ce qu’allait être un monde autoritaire et "futuriste",
une dystopie, avec tout les thèmes philosophiques issus de l’analyse
politique de ce type de société (la double-pensée
étant sans nul doute la plus facsinante), telle que la peur,
la maîtrise du passé, du présent et du futur, la
guerre, le pouvoir des images, la propagande, l’obéissance
aveugle et la description froide de l’amour ; les scénaristes
ont réussi à retranscrire parfaitement le message du livre
originel, son essence intellectuelle. La substantifique moëlle
de cette société, véritable machine à broyer
la liberté et l'âme humaine.
Une œuvre à revoir / lire à volonté. Plastiquement
beau et cru (certaines images rappellent Allemagne année
zéro), réalisé de façon implacable
et subtile, particulièrement très bien interprété
et très bien photographié… la perplexité
ressentie à la vue de cette ultime œuvre de science-fiction
analytique est incontestable : on ne peut qu’être impressionné.
Même si cette version cinématographique de "1984"
peut paraître froide de prime abord, elle sert parfaitement et
visuellement son propos, les images grisâtres étant souvent
d'une beauté aussi triste que renversante, dans un écrin
quasi noir et blanc d'où n'émergent que le rouge d'un
vêtement et un bleu uniformément pâle. Et d'où
se dégage une profonde mélancolie...
NOTE : 15-16 / 20