Besson s'amuse comme un fou dès le départ : son
montage nous rappelle astucieusement et sans prise de tête
que l'homme n'est au final qu'un animal... mais un animal conscient,
qui apprend. Le film démarre en trombe pour nous présenter
l'alléchant pitch de départ (totalement improbable
: pourquoi ne pas fabriquer la drogue dans les pays concernés
grâce à sa formule chimique ???) et j'ai envie
de dire que l'on retrouve (presque) le Besson qui s'était
un peu égaré depuis Jeanne d'Arc ; même
si j'ai relevé que sa réalisation n'est peut-être
pas aussi percutante et à la fois fine qu'avant... S'il
se cache derrière une excuse scientifique (les dialogues
de M. Freeman sont relativement passionnants), il s'avère
vraiment débordant d'imagination, très prometteur
dans cet actioner explosif qui sait monter en puissance grâce
au défilé des fameux "%", moteur du
suspens. Besson invente peut-être ici son héroïne
ultime, dans la droite continuation de Jeanne d'Arc d'ailleurs,
une super-héroïne complètement originale
(ça, on ne peut pas le lui enlever) avec un atout scientifique
hélas guère poussé jusqu'à son paroxysme,
relevant donc de la plus pure science-fiction (n'allons pas
chercher trop loin... quoi que...). Le sentiment final reste
donc partagé car le film navigue sur une corde raide
: entre efficacité, humour et ridicule (la scène
dans l'avion, l'héroïne qui tue des innocents, ou
prend ce risque, mais laisse la vie sauve au chef des gangsters).
On est en droit de se poser la question : avec de telles capacités,
chercherions-nous vraiment à démanteler un vulgaire
gang de trafiquants alors qu'il y a tant de bien faire dans
ce bas monde ??? Oui, mais Mr Besson nous répond ainsi
: l'histoire va plus loin au final. Là aussi, même
si j'ai apprécié la fin pour les raisons que je
vais exposer, l'auteur élague pas mal de chose, fait
défiler les nouvelles capacités de son héroïne
un peu rapidement et ne retient qu'une chose, essentielle certe,
mais un peu maigre : son personnage est positif, elle ne cherchera
pas à se prendre improbablement pour Dieu mais deviendra
le garant de la mémoire de toute une espèce, à
travers des millions de générations, une super-Darwin
qui offre la connaissance atemporelle aux siens... Pêché
d'ambition ?
NOTE : 12 / 20