Soyons dès à présent clair : je m'attendais
à un petit chef-d'oeuvre qui manie l'onirisme avec parcimonie
et finesse, une oeuvre sensible et touchante, un autre Créatures
célestes si vous préférez... Mais Jackson
n'est tout à fait pas à la hauteur de nos espérances
et ce sont les défauts qui remontent à la surface
plutôt que l'impression d'un ensemble correct. Tout d'abord
parce que l'on a du mal à pénétrer dans
ce monde onirique, même s'il est subtilement amené,
et parce que l'on a du mal à ressentir ces émotions
terribles et foudroyantes dont on est censé être
envahi vu le sujet (pour sa défense il faut dire que
le ton du scénario n'est pas vraiment triste et la narration
par la morte apporte une note d'espoir). Pourquoi donc ? Il
faut alors se poser une question essentielle : quel est l'enjeu
de ce film ? Connaitre l'identité du meurtrier ? Pourquoi
celle-ci est rapidement dévoilée (dans le trailer)
après 5 minutes de cache-cache ? Non : l'intéret
doit être ailleurs. Est-ce de voir comment cette fillette
va trouver la paix céleste ? Pas besoin de chercher loin
pour comprendre ce qu'il doit se passer ; la fin serait cousue
de fil blanc. Difficile dans ces conditions de s'attacher à
ce film sans une trame digne de ce nom. Il y a sans doute autre
chose : la qualité visuelle du film. Oui : ce pré-Paradis
est ravissant, souvent sublime... mais il manque cruellement
de sens et de symbolisme (hors mis les évidences : les
bâteaux dans les bouteilles, les champs infinis censés
représentés l'espace qui la sépare de la
vie, l'arbre qui meure et qui renait étant le symbole
de son apaisement...) ; il reste "inexploré"
et on risque fort de s'ennuyer à y chercher autres choses
que de belles images. Après tout ce n'est peut-être
que l'image que se renvoie Susue de sa propre conception du
Paradis (rappelez-vous la première scène : le
monde parfait du pinguoin dans sa bulle).
Finissons-en avec les défauts : qui n'a pas été
interloqué par cette scène un rien grand-guignolesque
(le trou immense et aménagé creusé au beau
milieu du champ...) ? Voilà : il en reste une idée
de départ grandement originale, une véritable
finesse dans l'interaction vivant / mort (interaction qui, du
coup, n'apporte pas grand chose...), un film très bien
fait et visuellement éclatant (les effets spéciaux
mais également le travail incroyable sur la photographie);
simplement un peu trop creux derrière ce déluge
de belles choses, d'excellents acteurs. Un manque de message
si ce n'est celui pleinement satisfaisant de l'espoir. C'est
peut-être et seulement celà dont parle le film
: l'espoir dont tout un chacun à besoin pour survivre
à ses blessures, l'espoir de trouver autre chose après
cette vie de joies mais surtout de peines. D'ailleurs les dernières
images (étonnantes, pour ma part...), les différentes
façons dont cette famille fait le deuil de Susie, tout
celà n'est-il pas une espèce de trame -un peu
floue-, une leçon pour les vivants ? Peut-être
que le scénario ne se focalise que trop sur le reste...
NOTE : 12 / 20