Le chef-d’œuvre de Landis ! Une perle à la
fois drôle, effrayante et pathétique, d’un
réalisme, en ce qui concerne les loups-garous, à
faire changer de couleur les cheveux du plus blasé des
amateurs de films d’horreur ; tellement réaliste
que l’on jurerait que le type à l’écran
est un véritable lycanthrope (faut dire que j’ai
vu la scène à 10 ans… et autant pour s’en
remettre…le pied !). Magnifique. Et ce côté
absolument terrifiant est contre-balancé par un côté
farfelu et pathétique lorsque le scénario aborde
le cas du mort-vivant hantant la conscience du héros
monstrueux. Grandiose mélange de genre et de sentiments,
inégalé jusqu’à aujourd’hui.
La scéne d’ouverture est réellement un joyau
qui réveille en nous les peurs les plus enfouies. Vous
n’irez jamais plus dans la lande écossaise avec
un ami... la nuit. Une maitrise totale avec en prime un final
beau, romantique et très violent. Du vrai ciné
!
Plus de 35 ans après voici mes impressions :
La lande écossaise pluvieuse, grisâtre, la musique
douceâtre de Bernstein, deux jeunes qui voyagent et s'enfoncent
littéralement vers un cauchemar inexorable.
Je ne peux encore pas regarder ce film sans une vraie appréhension,
pas très loin de la peur : l'ayant vu très jeune
(9 ou 10 ans, un dimanche après-midi), j'en garde un
souvenir unique à la fois divin et traumatisant (je n'ai
pas bougé une oreille de mon lit la nuit suivante !)...
Sensation indescriptible qui vaudrait toutes les critiques et
a généré ma passion pour le cinéma
de genre.
Le loup-garou de Londres bénéficie
d'une réalisation sèche, terriblement efficace
qui, peu à peu, décolle et installe le spectateur
dans le décor. La façon légère dont
le film balance entre horreur et comédie, de manière
aussi terrifiante que drôle, est un exercice aussi délicat
que quasiment unique au cinéma (à qualité
égale).
Le montage au couperet vaudrait à lui seul le statut
de chef d'œuvre au film.
Pierre angulaire du cinéma horrifique, Le loup-garou
de Londres a l'audace de nous confronter avec la peur
comme peu de films l'ont fait : parce que c'est un monstre qui
se trouve dans un milieu urbain, plus proche de la plupart d'entre
nous. Parce que ce monstre est le plus humain possible : il
doute, il a peur, il croit devenir fou et, surtout, il est tourmenté
par sa conscience, voyant des morts, voyant ses victimes lors
d'une scène mémorable. De plus ce lycanthrope
est traité comme une maladie : la lycanthropie ; on y
retrouve un long séjour en hôpital, de terrifiants
cauchemars (de ceux que l'on fait par grosse fièvre),
un manque d'appétit, une suspicion de folie, l'abominable
transformation de son corps et, au bout du bout, un effrayant
enjeu : le suicide.
C'est une oeuvre absolument complète : jusque dans sa
façon de rendre un hommage appliqué aux traditionnels
films Universal (la fameuse auberge), son utilisation proprement
géniale des chansons, sa love story touchante qui le
classe entre "La belle et la bête" et "King
Kong".
Et puis merde : cette métamorphose en plein jour, sur
une musique douce, avec un insert guère anodin, un regard
caméra surprenant et presque dérangeant, ces effets
spéciaux qui n'ont à ce jour mécaniquement
jamais été égalés ; c'est chef d'œuvre
qui cumule les scènes cultes (celle du métro où
l'on voit pour la première fois le loup... entièrement
!) et que je ne me lasserais jamais de revoir.
NOTE : 19-20 / 20